Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Un pharmacien aurait escroqué 485000 € à la CPAM
n pharmacien de Saintgermain-en-laye, jusqu’ici inconnu de la justice, est convoqué devant le tribunal correctionnel de Versailles le 30 janvier. Cet homme de 45 ans, dont l’officine est implantée en centre-ville, est soupçonné d’avoir détourné la somme de 485000 € par un ingénieux système de surfacturation.
Pour faire simple, l’intéressé déclarait plus de médicaments qu’il n’en délivrait aux patients et empochait la différence que lui remboursait la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM). Pour se défendre, le professionnel de santé a affirmé qu’il voulait s’indemniser de l’argent que lui devait l’organisme et a fait valoir aussi des maladresses informatiques.
UUne première estimation à 520000 €
Il y a quelque temps, la CPAM s’est penchée sur les comptes de la pharmacie. En épluchant les factures sur une période allant du 1er janvier 2018 au 30 septembre 2020, l’assurance maladie relève de nombreuses anomalies, au point qu’elle a dû concentrer ses recherches sur les produits de santé les plus onéreux. Les services de l’état mettent alors au jour une fraude se déclinant sous plusieurs formes : facturation de médicaments non prescrits, absence de prescription médicale, facturation d’un produit à une quantité supérieure que celle à laquelle il a été prescrit, ou encore location de lits médicalisés sur des durées farfelues. La CPAM évalue l’ampleur de l’arnaque à 520000 €.
Vu le montant astronomique de la carambouille, le dossier passe entre les mains du Groupe interministériel de recherche, le GIR : un service dédié à la lutte contre l’économie souterraine qui réunit policiers, agents du fisc, des douanes, de la répression des fraudes… L’analyse des comptes de la pharmacie montre que la comptabilité est tenue au cordeau. Et les investigations financières concernant son propriétaire ont dévoilé qu’il détenait un patrimoine immobilier très conséquent.
Le quadragénaire est donc interpellé le 29 novembre dernier, dans son commerce, puis placé en garde à vue au commissariat de Saint-germain-en-laye. « Par exemple, quand un patient venait avec une ordonnance pour une boîte d’un médicament, il lui délivrait la quantité prescrite, mais facturait à la CPAM une quantité plus importante et touchait donc un remboursement en conséquence», précise un proche du dossier.
« Délinquance en col blanc»
Durant ses auditions, le suspect a reconnu l’escroquerie, justifiant ses malversations par de prétendues erreurs de remboursement de la CPAM, compensées par ces fraude afin de « ne pas vendre de médicaments à perte ». Pour d’autres facturations douteuses, il a prétexté des maladresses dans l’utilisation du logiciel de téléremboursement.
La somme de 485 000 €, montant de la fraude selon les estimations de la justice, a été gelée sur le compte de la pharmacie. « On est face à un système institutionnalisé d’escroquerie. C’est de la délinquance en col blanc», estime notre source, convaincue que les sommes détournées sont bien plus importantes. Devant le tribunal, le mis en cause risque une interdiction d’exercer.