Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Romane Bohringer conte l’extrême angoisse d’une naissance à Saint-germain-en-laye

Mercredi 31 janvier, Romane Bohringer sera à l’affiche de la pièce Respire, racontant l’angoisse d’une mère qui, alors qu’elle vient de donner naissance, ne sait pas si son enfant va vivre.

- • Maxime PIMONT ■ Mercredi 31 janvier à 20 h 30, au théâtre Alexandre-dumas (3, rue Henri-iv). Tarifs : de 18 à 32 €. Résa. : tad.saintgerma­inenlaye.fr

e théâtre Alexandre-dumas de Saint-germain-en-laye accueille Romane Bohringer dans le seul en scène Respire, mercredi 31 janvier.

Une nuit durant, dans un couloir de maternité, une mère attend. Elle espère, désespère, espère de nouveau que son enfant né quelques heures auparavant parviendra à respirer seul alors qu’il est pour l’instant tenu en vie par les machines. Un texte de Sophie Maurer, mis en scène par Panchika Velez et interprété par Romane Bohringer.

«En découvrant le texte, j’ai eu la sensation de comprendre exactement entre les lignes par quoi était traversée cette écriture, se souvient Romane Bohringer. Celle d’une immense inquiétude quant à notre monde tout en étant traversée par ce quelque chose qui fait que l’on continue de se lever chaque matin. »

L«La naissance est une force aveugle»

Derrière la vitre qui les sépare, la mère parle à sa fille, pour tenter comme elle peut de l’attirer vers le monde des vivants. Une nuit durant, dans ce couloir, elle attend et vacille entre la rage et la supplique, en animal doutant de ses forces.

« C’est un chant à l’enfant qui va naître ou ne pas naître. La naissance est une force aveugle pour continuer d’espérer quand tout autour de nous semble épuisé. » Elle ajoute : «Ce n’est pas un théâtre de situation, mais un théâtre poétique avec un texte organique. »

Raconter l’extrême violence de ce monde

Pour Romane Bohringer, ce texte a aussi fait écho avec ce qu’elle a pu éprouver par le passé. Maman de deux enfants, comme Sophie Maurer, elle a alors compris certaines choses. « J’ai ressenti de manière frappante une immense gémellité avec ce que je ressentais à l’époque et même toujours aujourd’hui», raconte l’actrice. Sophie Maurer a écrit ce texte dans la foulée des attentats terroriste­s de 2015. « Je ne le savais pas avant de la rencontrer. J’ai alors compris pourquoi le texte m’avait percutée, moi, jeune maman, ne sachant plus comment raconter le monde. Je regardais mes enfants et j’étais muette. »

Elle trouve dans ce texte une réponse. « C’est comme si elle m’avait enlevé les mots de la bouche. C’était à un moment de ma vie où c’était la voix qui nécessitai­t de s’exprimer. »

Oublier pour mieux interpréte­r

Pour interpréte­r ce rôle, elle essaye de repartir de zéro, à chaque nouvelle représenta­tion.

❝ « J’ai la hantise de céder au sentimenta­lisme de la situation à trouver des endroits qui peuvent être émouvants et les rejouer. Je m’oblige donc à oublier la représenta­tion précédente, à n’acquérir aucun savoir. Je joue la pièce comme une première à chaque fois. Ça oblige à une mise à nu et ça me fout un énorme trac. Ça rend bien sûr très vulnérable et sensible comme si j’étais sans défense et transparen­te, ce qui fait que je sors souvent lessivée. »

ROMANE BOHRINGER, ACTRICE.

Sur la scène, le musicien Bruno Ralle joue la musique en direct qui permet de faire voyager le texte et les sentiments de la mère. « La musique rend les mots plus beaux. On est vraiment un duo. »

Un hymne à l’amour !

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