Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Le vin des Grottes et Les bulles de Fourqueux reviennent de loin
Après avoir subi une attaque destructive du mildiou, les vignes de Saint-germain-en-laye et du Pecq ont permis d’obtenir une bonne récolte 2023 pour le vin des Grottes et Les bulles de Fourqueux.
Saint-germain-en-laye et le Pecq ne sont pas internationalement connues pour leurs vins, mais elles possèdent bel et bien des vignes. Elles sont gérées à parts égales par les deux communes au sein d’un Syndicat intercommunal à vocations multiples (Sivom).
Du vin rouge et du vin pétillant
Ces vignes sont implantées sur deux sites. Le plus important, de plus de 1500 m2, se situe en contrebas de la Petite Terrasse du Domaine de Saintgermain-en-laye sur le territoire du Pecq. Créées en 2000, elles comprenaient environ 2000 pieds de pinot noir et les toutes premières vendanges y ont eu lieu le 24 septembre 2001.
Le second site se trouve sur le rond-point Charles-degaulle à Fourqueux. C’est en 2019 que le Sivom a décidé d’y implanter 62 nouveaux pieds avec un mélange de Cabernet et Cabernet Sauvignon. Le vin réalisé dans le chai installé à Fourqueux à partir des récoltes faites sur ce site est ensuite emmené en Champagne pour y suivre les étapes de transformation en pétillant.
Vin des Grottes et Les bulles de Fourqueux
Les vins réalisés sur ces deux sites sont appelés, respectivement, Vin des Grottes et Les bulles de Fourqueux. Cette dernière dénomination ne serait peut-être pas définitive.
Depuis 2018, le Sivom a pris le parti de passer en agriculture biodynamique.
«Cela consiste à redonner à la plante et au sol un équilibre, une résistance et une vitalité, explique-t-on au Sivom. Il faut dynamiser la plante et son environnement (terre et air) en projetant à très petites doses des préparations issues de produits naturels telle la bouillie bordelaise entre autres. »
Ces dernières années, ces vignes ont connu de nombreux aléas qui ont entrainé une chute vertigineuse de la quantité de jus obtenue, soulevant des questions sur la pérennité même du projet.
Au niveau des vignes situées au Pecq, on est ainsi passé de 423 litres en 2017 à 0 litre en 2021 et 20 litres en 2022. Celles de Fourqueux s’en sont mieux sorties. La récolte de 2022 a permis d’enregistrer 66 litres contre 25 en 2021, 20 en 2020 et 90 en 2019.
Le principal coupable est un champignon microscopique dormant dont certaines conditions climatiques favorisent le développement : le mildiou.
Une attaque « destructive »
Ce dernier est à l’origine d’une attaque qualifiée de « destructive » pour le vignoble saint-germanois et alpicois.
« L’attaque a été tellement brutale que les feuilles donnaient l’impression que nous étions déjà en automne, alors que nous étions dans la 2e quinzaine d’août, explique Jean-luc Dakowski, à la tête de la société Hedonia.20 s’occupant des vignes pour le compte du Sivom. Cela peut s’expliquer par le passage en culture biologique. En particulier sur les traitements au soufre et au cuivre qui nécessitent de nombreuses applications, en moyenne tous les 15 jours. Il était difficile d’organiser les choses pour avoir cette fréquence, d’autant plus qu’en 2021, il pleuvait souvent et il n’était pas facile de trouver des créneaux pour traiter. »
Le passage en bio a également induit l’abandon des désherbants pour une action mécanique avec l’utilisation d’un coupe-fil qui aurait abimé l’écorce des pieds de vigne, entrainant une sensibilité accrue aux maladies et une mortalité de pieds plus importante. Cette année, près de 180 pieds devront être changés du fait de ces blessures et de l’âge de la vigne. L’utilisation du coupe-fil est désormais proscrite.
Face à tous ces problèmes rencontrés, la riposte s’est organisée en 2023. Des copeaux de bois ont, par exemple, été mis sous les rangs pour limiter la pousse de l’herbe et un traitement efficace a été réalisé.
Une bonne récolte 2023
« Nous avons eu une bonne récolte en 2023, ce qui est réconfortant pour l’avenir de cette vigne. Même si le nombre de pieds est faible, nous savons maintenant que tous les ans, nous avons une récolte correcte et nous pouvons nous dire que chaque année nous pourrons avoir soit un vin pétillant, soit un vin tranquille. »
Pour cette année, les chiffres font état de 350 litres pour les vignes du Pecq où les vendanges du pinot noir ont été effectuées le 11 septembre et environ 160 litres pour celles de Fourqueux qui, depuis le début de leur exploitation, ont un rendement très élevé.
« Il y a eu un petit électrochoc en 2021, surtout pour la vigne du château, qui a fait que tout le monde a pris conscience qu’il y avait quelque chose à y faire. Et l’année 2023 a bien montré que lorsqu’on s’en occupe, cela donne des résultats», ajoute Jean-luc Dakowski qui est également président de l’association Seine-et-oise vignes dont le but est de promouvoir, mettre en valeur et favoriser la connaissance de la vigne, du raisin et de ses dérivés dans les territoires.
Changement complet du palissage
De nouvelles actions entreprises cette année devraient permettre de soutenir cette santé retrouvée. Actuellement, les employés communaux des deux villes travaillent au changement complet du palissage.
« Il date de l’origine. Il y a eu quelques opérations de réparations, mais globalement il n’assurait plus sa fonction opérationnelle. C’est une vigne qui a une croissance très importante avec des rameaux pouvant atteindre 3 ou 4 mètres si on ne les coupait pas. Si on ne les palisse pas, cela retombe par terre, les deux rangs se rejoignent et forment une sorte de tunnel. Après, pour couper l’herbe, cela complique les choses et on abime la vigne et les grappes. Là, nous installons un palissage moderne et professionnel pour 15 ou 20 ans. »
Les bouteilles produites ne sont pas vendues dans le commerce. Si le Sivom en garde quelques-unes, elles sont partagées entre les deux villes et font principalement leur apparition lors de manifestations organisées par celles-ci.