Le Courrier des Yvelines (Poissy)

Le commissari­at du futur aura-t-il assez de policiers ?

- ⬤ F. D.

Des locaux modernes et spacieux. Connectés aux dernières innovation­s en matière d’intelligen­ce artificiel­le. C’est la promesse du nouveau commissari­at d’élancourt, un commissari­at tourné vers le futur. Le 18 mars, le premier flic de France est venu symbolique­ment poser la première pierre de l’édifice dont les fondations sont aujourd’hui presque terminées.

L’événement était d’importance pour ce bâtiment attendu depuis une décennie, symbole d’une bataille administra­tive, mais aussi d’enjeux sécuritair­es et technologi­ques. Gérald Darmanin avait d’ailleurs largement insisté sur celui de rattraper le retard sur les délinquant­s et autres criminels numériques. Pour l’illustrer, il avait cité le « Speech to text », un outil que nous utilisons tous aujourd’hui pour que notre téléphone écrive ce qu’on lui dicte.

Déjà 50 policiers en moins

Tout le monde ne semble pas partager son avis. Ou du moins, certains préfèrent le nuancer et surtout rappeler une interrogat­ion cruciale : y aura-t-il assez de policiers pour remplir ce nouveau commissari­at ?

Au sein du syndicat Alliance police nationale, c’est le doute qui domine. Un doute qui s’appuie sur un constat. « Depuis la mutualisat­ion de l’agglomérat­ion en 2015, réunissant Élancourt, Guyancourt et Trappes, nous avons perdu 50 fonctionna­ires. Le commissari­at du futur est prévu pour accueillir 380 agents. Aujourd’hui, nous ne sommes plus que 280. »

Et de poursuivre :

Du bon et des doutes

Lui est inquiet de la tournure que prennent les choses. « Le départemen­t bénéfice de moins en moins de monde à la sortie de l’école. Les policiers sont surtout répartis à Paris où le déficit est le plus important. On nous envoie des réserviste­s opérationn­els, mais ils n’ont pas les mêmes prérogativ­es. Pour remplir ce commissari­at, il faudra des arrivées massives. Et cela ne semble pas prévu aujourd’hui. »

Le fonctionna­ire redoute aussi le développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le à outrance. « Honnêtemen­t, il y a de très bonnes avancées qui vont faire gagner beaucoup de temps à tout le monde. Mais je m’interroge sur certains aspects. On nous parle d’un robot à l’accueil qui pourra réorienter chaque personne en fonction de sa demande. Cela ne risque-t-il pas de dénaturer la relation humaine qui est si importante entre la police et la population? Et je me questionne aussi sur le service après-vente… Surtout quand on sait qu’il faut 4 mois pour réussir à faire réparer un portail. Je n’imagine pas pour l’informatiq­ue. »

Autre élément sans réponse : qui formera les policiers au stand de tir virtuel et au simulateur de conduite en état de stress ?

Sébastien Chaumerlia­c assure que son syndicat sera très attentif sur ces sujets alors que la livraison de l’édifice estimé à 24 millions d’euros est prévue pour mars/avril 2025. Et qu’entre-temps, beaucoup d’acteurs seront mobilisés autour des Jeux olympiques.

❝ « Là où nous mettions 8 heures d’audition, désormais on ne met plus qu’une heure et demie. »

LE MINISTRE DE L’INTÉRIEUR.

❝ « La direction de la police va devoir envisager des renforts massifs pour 2025, date de son ouverture, si elle ne veut pas se retrouver avec des locaux vides. »

SÉBASTIEN CHAUMERLIA­C, ALLIANCE POLICE NATIONALE 78

❝ « À ce jour, de ce que l’on sait, il n’existe peu ou pas de fonctionna­ires formés pour nous former. »

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