Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Recueilli par un retraité, il le frappe et s’empare de sa vie
Un dicton le dit : il ne faut jamais mordre la main qui vous donne à manger. Eric, 49 ans, en a fait l’amer constat en comparaissant devant le tribunal judiciaire de Versailles, le vendredi 29 mars.
C’est dans cette même ville que, pendant près de trois mois, il a maltraité le retraité qui lui avait ouvert sa porte. Par envie d’aider, par volonté de briser sa solitude.
Domicilié au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Versailles, Eric a rencontré Christophe* au hasard de la vie. Les deux hommes s’entendent bien assez rapidement. Christophe, 75 ans, décide de lui ouvrir la porte de son appartement. En précisant qu’il vit sous curatelle renforcée.
Insalubrité générale
Eric ne va pas perdre trop de temps pour prendre ses aises. Il fait siennes les clés du domicile. Il s’empare du téléphone portable. Il menace les auxiliaires qui viennent aider Christophe. Et surtout, il s’emporte dans des colères incroyables lorsque Christophe enfreint certaines règles. Alors qu’il est chez lui. Cela touche notamment à son hygiène personnelle, très aléatoire.
Paradoxalement, il empêche le ménage d’être fait. Résultat : l’appartement se retrouve vite dans une insalubrité générale.
Le 28 mars, les policiers sont donc sollicités pour intervenir. Eric refuse de les laisser entrer. « Ben ouais. Je referme la porte sur leur tronche. C’est instinctif», résume l’homme face à ses juges.
❝ « Certains dissuadent ceux qui peuvent avoir la main sur le coeur. Lorsqu’une personne vous aide, on en prend soin ! Encore plus lorsqu’elle vous héberge et vous nourrit gratuitement. »
LA PROCUREURE DE LA RÉPUBLIQUE
50 à 100 joints par jour ?
La réalité est autre. Eric ne veut pas laisser entrer les fonctionnaires car il vient de frapper Christophe. Son visage est complètement tuméfié. Son oeil a quasiment disparu sous le cocard.
« Alors ? Expliquez-nous ! », lui lance la juge.
«Je ne dis plus rien», rétorque Eric en faisant une croix sur sa bouche.
« Et la vengeance ? Vous avez dit que vous vouliez vous venger en garde à vue. »
Eric croise les bras, baisse la tête et rumine. Personne n’en saura plus. Ni même lorsque le tribunal s’étonne de son automédication pour sa schizophrénie. « Vous dites ne pas prendre de médicaments et fumer entre 50 et 100 joints de cannabis par jour. Est-ce vrai ? » Silence.
Casier judiciaire : mention 35
Le tribunal prononce 18 mois de prison, avec incarcération immédiate. Le tout est assorti d’une interdiction de se rendre dans les Yvelines et d’entrer en contact avec la victime. La mention porte donc le numéro 35 sur son casier judiciaire. Une trentesixième pourrait arriver bientôt. Car en quittant le box, Eric a lancé à la juge un regard foudroyant. Pas une déclaration d’amour mais plutôt une menace : « On se reverra ! »
■ * Le prénom a été modifié.