Le Courrier des Yvelines (Poissy)
Maire ? « Je n’ai pas vocation à revenir »
Ssés à changer sa ville.
➜ Il y a des regrets ?
Pas des regrets, mais des choses sur lesquelles il faut vraiment se battre : on ne s’est pas suffisamment approprié ce que j’avais imaginé pour la place de la République. Mais c’est un mal pour un bien. On a fait naître Le Gamin de Poissy, avec l’extension. On a l’un des restaurants qui fonctionnent le mieux à Poissy depuis six mois. On a pérennisé le manège pour enfant (le carrousel) ainsi que le kiosque qui n’existait pas.
➜ Autre chose ?
On a eu affaire à un entêtement dogmatique de la part des autorités pénitentiaires pour le déplacement de la maison centrale. On avait fait un sondage dans la commune pendant une semaine. Avec un taux de participation largement supérieur aux autres villes quand elles font un sondage similaire, puisque 78 % des votants étaient favorables. Les maisons centrales n’existent plus quasiment aujourd’hui dans les centres-villes. Mais il faut trouver une « piste d’atterrissage ». Éric Dupond-moretti [le ministre de la Justice] est ouvert à toute proposition, encore fautil trouver cette piste. Quel est le maire qui va accepter d’accueillir une maison centrale demain ? Ce n’est pas le moment opportun.
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La passation de témoin a été mûrie. Sandrine a été 3e adjointe. Elle est devenue ma première adjointe aux Finances et à l’urbanisme, puis elle est devenue maire. Elle est aussi conseillère régionale. Je termine avec un score de 75,6 % aux élections municipales avec le sentiment d’un travail pleinement accompli. J’ai mon parcours. Je n’ai pas vocation à revenir.
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Ce n’est pas un porte-clés de devenir député de la Nation. C’est complémentaire d’avoir été maire et de devenir député. Ma volonté en 2020 quand je pars, ce n’est pas de me dire je vais redevenir maire. Je n’ai pas d’arrière-pensée. Pour autant, j’ai ma liberté pleine et entière de pouvoir faire remonter les informations à Sandrine sur ce qui ne va pas parce que je continue de passer beaucoup de temps sur le terrain. Je suis l’un des députés les plus actifs en circonscription. Je ne fais pas le concours Lépine du plus présent à l’assemblée quand je n’ai pas à y être. Et dans la circonscription, il y a 23 communes, et la plus grosse c’est Poissy.
❝ « Je n’ai pas d’arrière-pensée »
❝ « Horizons, ils sont très pragmatiques »
❝ « On peut ne pas
être réélu si on n’a pas de projet »
➜ Pourquoi vous battezvous autant pour le cumul des mandats ?
Le sujet du cumul n’en est pas un. Et je n’en fais pas une fixation ! Si demain, on a une proposition comme le souhaitait Horizons (ils sont très pragmatiques, ce sont les interlocuteurs privilégiés des maires), si demain, on crée une proposition qui permet à un adjoint d’être député, là, je me poserai la question. Aujourd’hui, je ne me pose pas la question du sujet député-maire. Je regarde ce qui se passe. Il n’y a pas de deal avec Sandrine pour qu’elle me laisse la place si c’est ça la question. Je suis dans une relation authentique et critique pour la ville avec Sandrine. J’ai le pouls du terrain.
➜ Vous avez quand même un avis tranché sur cette question du cumul des mandats ?
En 2022, je propose le retour du cumul et la fin de la vaste hypocrisie. Le cumul députémaire pour les villes de moins de 20000 habitants. Je ne fais pas une loi pour Karl Olive. Mais j’observe qu’on a voulu réduire la fracture démocratique en 2014 et rapprocher l’élu du citoyen, c’est exactement le contraire qui s’est passé. Je prends souvent cet exemple : 250 maires à l’assemblée en 2012, zéro aujourd’hui. Il manque un souffle de terrain. Et dire ça, ce n’est pas critiquer mes collègues qui ont été élus. Yaël [Braun-pivet, présidente de l’assemblée nationale] est une femme exceptionnelle.
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J’ai toujours dit que je n’étais plus LR, mais que j’étais très proche de Pierre Bédier. J’ai d’excellentes relations avec Gérard Larcher (LR) et Valérie Pécresse (LR). Je ne suis pas Renaissance, mais je suis très proche d’emmanuel Macron, avec d’excellentes relations avec Edouard Philippe (Horizons) et Gérald Darmanin. J’ai toujours été un pragmatique. Vous ne faites pas 75 % si vous êtes monocolore. Mon ADN est toujours resté le même : une droite sociale et populaire.
➜ Que reste-t-il à faire pour Poissy ?
Bien savourer les prochaines inaugurations. Et avoir une vision pour l’avenir. Il faut créer un projet. On peut avoir un très bon bilan et ne pas être réélu parce qu’on n’a pas de projet. Il y a un délai de deux ans. Il faut dessiner un projet et arriver à trouver de belles idées. Cette équipe est parfaitement capable de mettre ça en place. Ce que je sais, c’est qu’on ne pourra réussir que, si et seulement si, on a, comme en 2014, une unité de rassemblement et d’équipe. On sait que les finances des collectivités locales vont être exsangues. Il va falloir être aussi imaginatif sur ce sujet.