Le Courrier des Yvelines (Poissy)
L’atlas et ses labyrinthes géométriques à Saint-arnoult-en-yvelines
Sous le pseudonyme de l’atlas, se cache Jules Dedet, un graffiti artiste fasciné par l’histoire de l’écriture dont l’oeuvre, placée sous le signe du voyage et de l’itinérance, mêle calligraphie et art optique.
C’est vers l’âge de douze ans que Jules Dedet commence à taguer et à dessiner sa propre typographie. « Adolescent, j’ai assisté à l’arrivée du mouvement hip-hop en France donc du graffiti. »
Il choisit le pseudonyme de l’atlas. L’atlas, c’est à la fois un recueil de planches sur lequel le monde est projeté en deux dimensions, une chaîne montagneuse qui s’étend du Maroc à la Tunisie et enfin un Titan condamné à porter le monde sur ses épaules. « Ce mot est lié aux cartes géographiques, c’est une référence dans toutes les langues, il correspond pour moi à une lecture géographique de l’écriture. »
Ce Toulousain de naissance a étudié l’histoire de l’art et s’est étonné de constater que l’histoire de l’écriture n’y est pas enseignée, on ne la trouve qu’en archéologie. Or, la calligraphie le passionne.
A 21 ans, il voyage et étudie les différentes calligraphies au Moyen et Extrême-orient. « J’ai voulu les synthétiser en une seule, composer un esperanto graphique pour être compris par le monde entier. Je recherche un dialogue avec d’autres courants artistiques liés à l’abstraction : optique, nouveau réalisme, abstraction géométrique, graffiti. Mon oeuvre est à un croisement dont la colonne vertébrale est l’atlas. »
Son travail de recherche le mène vers un mélange entre calligraphie et art optique: « Mon rapport à la peinture est passé par l’écriture. Mon grandpère avait pour ami le peintre
Jean Cortot, un des premiers à intégrer l’écriture dans la peinture, ça m’a beaucoup marqué, l’idée d’intégrer du lisible dans l’illisible. »
Il a collaboré avec Camelia Jordana ou encore Rihanna
Il expose à Paris, en 2007 et réalise un compas géant sur la Piazza du centre Pompidou, à Paris. Il utilise les outils contemporains, gaffer, aérosol, plaques métalliques et réutilise du mobilier urbain. Ses oeuvres aujourd’hui s’exposent aux quatre coins du monde.
Ses interventions artistiques sont multiples. Deux exemples
la pochette de l’album Lost de Camelia Jordana ou le logo de la marque de Rihanna, Fenty Beauty. Depuis vingt ans, il partage son atelier parisien avec son ami le peintre Tanc qui lui aussi travaille sur l’écriture automatique.
Guillaume Roubaud-quashie, directeur de la Maison Aragon-elsa Triolet, le considère comme « un membre de la famille. » Après tout, il suffit de se rappeler les Calligrammes d’apollinaire. Les toiles de l’atlas sont : « Des lignes noires qui semblent se détacher sur un fond blanc. La simplicité même en apparence », mais en apparence seulement car « les réceptions de l’oeuvre se prêtent à mille lectures, selon les personnes, le moment, la lumière ou l’humeur. » L’atlas poursuit une quête à travers des variations infinies de lignes, de carrés et de rectangles.