Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Les chiens policiers du Chesnay
Ils sont d’un apport décisif lorsqu’il s’agit de retrouver une personne disparue. La brigade canine d’exploration et de pistage de la police nationale des Yvelines est située au Chesnay.
Quatre personnes la composent (deux assistants et deux conducteurs). Deux chiens servent les hommes de la brigade cynophile. Celle-ci, crée il y a dix ans, est la plus ancienne de France.
Leur zone d’intervention est immense puisqu’elle couvre le département des Yvelines, le Val-d’oise, l’essonne, mais aussi quelquefois Paris, pour suppléer les deux brigades de recherche parisiennes.
Geko en est la star. Ce berger belge malinois de 5 ans a été d’une aide précieuse dans le sauvetage d’un jeune suicidaire il y a quelques semaines à Crosnes (Essonne).
« Instincts grégaires »
Sa principale rémunération ? Le jeu. Une récompense l’attend à chaque personne qu’il retrouve. Il s’agit d’un jouet qu’il affectionne tout particulièrement.
Pour cela, son flair est son meilleur allié. « Il aime aller travailler », confie Raphaël, conducteur cynotechnicien spécialisé dans la recherche d’exploration, à qui le berger belge malinois obéit au doigt et à l’oeil. Une docilité qui est le fruit de longues heures d’entraînement, sur des terrains à chaque fois différents, pour éviter tout phénomène d’accoutumance. « On travaille surtout les délais et les distances. Au bout de trois mois le chien est capable de faire 1 km de distance sans problème. Un chien de piste, c’est un peu comme un chien de chasse qui poursuit le gibier, aime à comparer le brigadier. Plus on travaille, plus on développe les instincts grégaires de l’animal. »
Tout comme les hommes, les chiens sont « recrutés » par la police nationale pour leurs qualités intrinsèques. Tous les canidés ne passent pas les sélections. Ils doivent avant tout « être courageux, sociables et joueurs ». Les bêtes partent ensuite en compagnie de leur maître suivre un stage de trois mois au centre national de Cannes-écluse (Seine-et-marne).
« Nous sommes policiers avant d’être maîtres-chiens »
Les fugues d’enfants, mais aussi la recherche de personnes âgées désorientées ou atteintes d’alzheimer constituent le gros du travail de la brigade. « Les chiens sont également capables de retrouver les corps de personnes décédées depuis plusieurs jours, dans le cas de suicides ou de noyades par exemple », explique Jacques, le responsable de l’unité canine. Les journées sont parfois chargées: « Nous sommes joignables 24h/24. Certaines semaines ça n’arrête pas, on peut recevoir jusqu’à cinq appels dans la même journée », poursuit le policier. La dernière mission qui les a occupés : « Un enfant de six ans, qui s’était disputé pour une histoire de tablette, avait fugué de son domicile. Il était parti pieds nus, seul dans la rue. »
Leurs missions dépassent cependant de loin la recherche de personnes. « Nous sommes policiers avant d’être maîtreschiens. S’il faut faire respecter le code de la route on le fera aussi », rappelle Raphaël.
Un flair à toute épreuve
À partir d’une odeur témoin prélevée sur les vêtements, la taie d’oreiller ou les chaussures de la personne recherchée, le chien suit sa trace, s’engouffrant dans des couloirs olfactifs décelables de lui seul.
Les équipages sont aussi dépendants des conditions climatiques. « Il ne faut pas qu’il fasse trop chaud. Contrairement aux idées reçues, la pluie a plutôt tendance à fixer les odeurs. »
Occasionnellement, la brigade cynophile peut aussi intervenir sur des affaires judiciaires, pour la recherche d’indices. Ce fut le cas par exemple lors de la vaste chasse à l’homme organisée pour retrouver la trace d’abdelhakim Dekhar, auteur d’attaques à BFM TV, Libération et La Défense en novembre 2013. La police avait reconstitué le parcours du déséquilibré avec un chien de la brigade du Chesnay jusqu’à la bouche de métro qu’il avait emprunté.