Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Un sondage sur la tolérance : intolérable ?
Un questionnaire en vue d’une conférence-débat en novembre sur le thème de « la tolérance » a été rendu public. Créé par la Maison de l’europe, ce sondage y va franco dans les clichés et les sous-entendus. Un bien pour un mal ?
A la Maison de l’europe, on se défend d’avoir voulu faire dans le préjugé. Pourtant en lisant les questions posées en vu d’une conférence-débat sur la tolérance, qui aura lieu en novembre prochain, on peut s’interroger. Ainsi peut-on lire dès la troisième question : «Pensez-vous que le football et le rugby sont des sports féminins ?» La question est pour le moins tranchante voire étonnante quand on sait que la France va organiser la coupe du Monde du football féminin. Pis. Dans un second temps, le questionnaire nous demande d’imaginer les situations suivantes. Ainsi, une autre question plus directe : «Inviteriez-vous à déjeuner votre voisin de couleur s’il est un athlète de haut niveau, un vendeur sympathique d’un magasin de sport, les deux, aucun des deux !» Encore. «Un joueur de football révèle dans les réseaux sociaux qu’il est homosexuel. Comment réagissez-vous ?» Réponses :
je cliquerais sur «J’aime» pour l’encourager ; je ferais un commentaire signalant que l’homosexualité ne va pas avec le sport…
Plus loin, on demande si la personne qui a gagné une place accepterait d’aller aux jeux paralympiques.
Les personnes de couleur, les homosexuels, les femmes
Tout y passe. Les personnes de couleur, les homosexuels, les femmes…dans un questionnaire anonyme qui devrait permettre d’alimenter le débat au niveau européen sur la tolérance dans le sport.
« Nous avons travaillé avec huit partenaires européens qui partagent tous le même combat contre l’extrémisme, explique Régina Lecointe, la présidente de la Maison de l’europe des Yvelines. C’est un questionnaire approfondi autour de trois thèmes de la solidarité, de la tolérance et de la paix. Le projet Citipart (lire encadré) On a déjà travaillé localement sur les questions de tolérance, notamment dans le sport. Nous travaillons aussi avec La Soucoupe à Saint-germainen-laye. »
Ainsi, selon la responsable de la Maison de l’europe78, il n’y aurait aucune provocation dans la manière de poser les questions, ni sur le fond, ni sur la forme.
« Nous ne voulions pas d’un questionnaire convenu. Je ne voulais pas choquer la personne qui aurait voulu participer à ce sondage, mais au contraire lui laisser la totale liberté d’y répondre. C’est aussi pour cela que le questionnaire est anonyme. » Pour l’heure, de nombreuses réponses ont été déposées dans les urnes. « Ces questions ont été élaborées avec des spécialistes de L’INSEP (L’institut national du sport, de l’expertise et de la performance) et du CDOS (Comité départemental olympique et sportif). On l’a fait valider par le service jeunesse et sports de la ville. Quand vous regardez ce reportage au cours duquel une athlète française (en escrime), elle a été plusieurs fois sur le podium, est obligée de travailler pour vivre, il y a de quoi se poser des questions. Je suis Allemande. Les convenances, c’est pour ne pas effrayer les gens. Je préfère leur dire que cela existe. » Des questions gênantes, provocatrices qui selon la Maison de l’europe ne seraient pas si anodines que cela. On attend la conférence débat au mois de novembre. Citipart est un réseau qui se veut interactif au niveau local et européen sur les questions sociétales d’actualité. Placé sous le haut patronage d’alain Lamassoure, député européen d’ilede-france avec le soutien de la Commission européenne, du conseil départemental des Yvelines, des villes de Saint-germain-en-laye, de Chatou et de l’office Franco-allemand pour la Jeunesse, ce projet est mis en oeuvre par plusieurs organisations dont la Maison de l’europe des Yvelines, la Maison de l’europe de Nîmes, le Centre européen Robert Schuman (Scy-chazelles), Berlin-brandenburgische Auslandsgesellschaft E.V.(BBAG à Potsdam - Allemagne) ou encore d’autres organismes en Pologne, en Croatie et en Autriche. Inquiet de la montée des populismes et des extrémismes, résultat d’une situation économique et sociale morose et d’un abstentionnisme croissant, Citipart souhaite mobiliser les citoyens contre ces tendances par le biais de ce projet qui les engagera dans un dialogue continu entre citoyens, élus locaux et européens. Les réflexions avec les citoyens se feront au niveau local (dans chaque territoire) puis au niveau européen pendant trois rencontres multilatérales autour de trois valeurs de L’UE : solidarité, tolérance et paix.