Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Affaire Darcy : crime presque parfait ou parfaiteme­nt innocent ?

- F. D.

La cour d’assises des Yvelines devrait rendre demain sa décision dans l’affaire François Darcy. Accusé d’avoir assassiné sa femme, il risque la perpétuité. Depuis une semaine, il clame son innocence.

Justice. Au premier jour de son procès, François Darcy est apparu très amaigri dans une très large chemise blanche. Depuis qu’il a été placé en détention, voici quatre ans et demi, il a perdu près de 40 kg. Il a conservé son alliance.

Désormais, cet homme de 50 ans se déplace appuyé sur deux béquilles, souffrant de problèmes d’articulati­ons. Il ne peut se tenir debout face aux six jurés qui doivent décider de son avenir : une vie en prison ou la liberté.

Traquenard dans les bois ?

Le 26 février 2012, Sylvie Fumadelles est découverte dans une voiture calcinée, sur un parking en terre, près de l’abbaye de Port-royal. Il est 23h06. Le corps de la quadragéna­ire est dans un triste état. On ne saura d’ailleurs jamais comment elle est morte. Son mari, François Darcy a prévenu les secours. Il aurait ensuite perdu connaissan­ce. Son épaule gauche porte la trace d’un coup de feu.

Aux gendarmes, il explique s’être arrêté en revenant du cinéma. Le couple terminait un week-end amoureux pour leurs dix ans de mariage. Il aurait été pris d’une envie pressante. Il se serait arrêté. À peine descendu de l’audi, il aurait ressenti une vive douleur dans le dos. Quelqu’un lui aurait tiré dessus. Il n’a pas vu son ou ses agresseurs. En reprenant conscience, il est seul. Seul face à sa voiture en flamme. Son épouse était encore à l’intérieur.

« Les enquêtes de personnali­té, c’est pour les coupables »

Rapidement, François Darcy sera mis en cause par la justice. Elle peine à comprendre et croire son histoire de traquenard. D’autant que personne n’en voulait au couple et que rien n’attesterai­t de la présence d’autres personnes sur le site.

Rapidement aussi, François Darcy se clamera innocent. Il a gardé cette ligne dès l’ouverture de son procès, se rappelant les premiers interrogat­oires, son refus que l’on fouille dans sa vie. « Les enquêtes de personnali­té, c’est pour les coupables. Voilà pourquoi j’ai refusé de parler. »

Passionné par les armes

Plusieurs jours durant, la cour a vu se succéder un incroyable nombre de témoins et d’experts. Ces derniers ont présenté des rapports parfois contradict­oires. Certains estiment que François Darcy aurait lui-même pu s’infliger sa blessure dans le dos. D’autres que cela était impossible.

De ce fait, la personnali­té de François Darcy et la vie de la famille à Montigny-le-bretonneux devaient éclairer les jurés. Lui a expliqué sa dépendance à l’alcool. « Sylvie m’en voulait que je boive. Elle me faisait la tête. Je buvais un peu plus… » Le couple rencontrai­t des difficulté­s, mais il semblait ignorer ou ne pas voir une réalité. Elle avait écrit sur son journal intime qu’elle voulait divorcer. « Elle a pu le penser dans un moment d’énervement », souffle-t-il. Peut-être un peu plus… Dans ces mêmes pages, Sylvie s’était plainte de son attitude, de sa passion pour les armes. « C’est vrai qu’elle n’était pas d’accord. Mais elle ne m’a jamais demandé d’arrêter. Moi ça me calmait par rapport au stress du travail. Et je rencontrai­s des gens. »

En désaccord

Plus largement, tous les deux ne semblaient pas ou plus sur la même longueur d’onde. « C’est vrai que je ne l’aidais pas forcément beaucoup. Elle s’investissa­it trop dans son travail et avait des problèmes d’autorité. Moi j’étais plus promenade en forêt et elle shopping. » La famille connaissai­t également des problèmes financiers ; plus de 80 000 euros de crédit. Et puis, Darcy l’a reconnu. Il a été infidèle au cours d’une soirée trop arrosée. « Ça ne s’est jamais reproduit. Et c’est même grâce à ma femme que cela a pris fin. Elle (sa maîtresse) m’a appelé. J’ai passé le téléphone à Sylvie pour qu’elle lui dise de ne plus me contacter (…) Je n’ai peut-être pas été un mari parfait, mais pas à ce point. » Tout cela aurait-il poussé François Darcy à commettre l’irréparabl­e ? La cour se trouve-t-elle devant le crime presque parfait ou un accusé à tort ?

« Tout peut l’innocenter »

Ce mercredi ou ce jeudi, l’avocate générale devait requérir sur la peine à lui infliger. Pour un assassinat, il risque la réclusion criminelle à perpétuité. Son avocat, Yves Beddouk espère obtenir un acquitteme­nt. « Tout peut l’accuser. Tout peut aussi l’innocenter ! Il n’y a pas de témoin, pas de preuve, pas de mobile. Même la question de l’assurance-vie ne tient pas. Elle n’est vraiment pas très importante. De plus, les enquêteurs n’ont pas vérifié en profondeur si d’autres personnes auraient pu se trouver sur place ce soir-là. Et je rappelle que c’est à la justice de prouver sa culpabilit­é ; et pas l’inverse. »

En attendant la décision de la cour, François Darcy demeure présumé innocent.

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