Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Permis raté : il casse une dent à son examinateur
Le 10 avril dernier, les inspecteurs du permis de conduire de la région parisienne s’étaient mis en grève. Ils dénonçaient l’agression dont avait été victime un des leurs, à Vélizy. L’auteur des coups a été présenté le 12 avril au tribunal de Versailles.
En sept ans de carrière, il n’avait jamais été agressé physiquement. Pour cette malheureuse première, l’inspecteur du permis de conduire a perdu une dent et s’est vu prescrire un arrêt d’au moins trois semaines.
Il revient le frapper le lendemain
Tout a commencé le jeudi 6 avril au centre d’examen de Vélizy-villacoublay, près de la zone aéronautique Louis-breguet. Kevin, 25 ans, prend place dans la voiture pour tenter d’obtenir son permis. Rapidement, l’inspecteur s’aperçoit qu’il n’est pas encore prêt. Kevin commet erreurs sur erreurs. L’épreuve est raccourcie. Kevin est invité à rentrer chez lui à Creil (Oise) en attendant le résultat. Mais il l’a bien compris, le sésame n’est pas pour cette fois.
La nuit passe sur ce constat d’échec. Mais Kevin ne prend pas de recul. En début d’aprèsmidi, il retourne à Vélizy pour avoir des explications : « Vous avez été injuste avec moi et un autre candidat ! » L’inspecteur refuse de se justifier. Kevin se montre de plus en plus virulent. Se sentant menacé, l’examinateur sort son téléphone portable pour filmer. Il reçoit immédiatement un violent crochet dans la mâchoire. Il en perdra une dent. Un autre coup lui est porté dans le dos sous les yeux de deux témoins. Un agent de sécurité intervient. Kevin est immobilisé jusqu’à l’arrivée de la police. Il est placé en détention dans l’attente de son procès.
Dans la foulée, le syndicat majoritaire des inspecteurs du permis de conduire, le Snica FO, dénonce l’événement. Il annonce un mouvement de grève pour toute la région parisienne le 10 avril. Lors de cette journée, ses représentants veulent aller voir leur administration pour obtenir plus de sécurité. Présenté le 12 avril dernier au tribunal correctionnel, Kevin a d’abord voulu présenter ses excuses à l’inspecteur. Mais il n’a pas réussi à aller plus loin. La surcharge de l’audience a conduit les magistrats à renvoyer son dossier au 17 mai prochain. Il ne restait donc aux juges qu’à statuer sur son placement en détention ou sa remise en liberté.
« Une atteinte à la liberté de travailler sereinement »
« C’est un renvoi que nous n’avons pas demandé ! Mon client souhaitait être jugé aujourd’hui en comparution immédiate », a plaidé la défense. De son côté, la partie civile a déploré ce report, tout en soulignant que l’agression avait été « une atteinte fondamentale à la liberté de travailler sereinement ». Le procureur a réclamé une incarcération, estimant que ces « faits avaient été commis gratuitement ». « Monsieur peut très bien retourner voir l’inspecteur pour exercer des pressions. »
Après une longue délibération, les juges ont décidé de placer Kevin sous contrôle judiciaire. En attendant son procès, il lui est interdit d’entrer en contact avec la victime et de se rendre à Vélizy. Il devra aussi pointer deux fois par semaine à Creil. Son casier porte déjà quatre condamnations, notamment pour des violences, du vol et un trafic de stupéfiants.