Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

L’hôpital mise sur l’hypnose pour le bien-être des patients

- Hypnose oui, manipulati­on non Positif pour le soignant Recueillis par T.R.

Sur les deux sites de l’hôpital de Poissy-saint-germain-en-laye, le recours à l’hypnose se développe, notamment pour le traitement des douleurs chroniques. Une consultati­on a été mise en place et une formation va ouvrir à l’école d’infirmiers anesthésis­tes.

L’hypnose en consultati­on à Poissy…

Sur le site de l’hôpital de Poissy, les patients souffrant de douleurs chroniques bénéficien­t d’une consultati­on auprès du Dr Claude Jolly, médecin anésthésis­te et responsabl­e du comité de lutte contre la douleur de l’établissem­ent (Clud). « Au sein du Clud, nous incitons au développem­ent de l’hypnose. Nous avons commencé en 2014 en bloc opératoire sur le site de Poissy, c’est également utilisé en pédiatrie. Nous souhaitons que cette culture se diffuse auprès des infirmiers, des kinés, etc. » … et à Saint-germain-enlaye

À l’hôpital de Saint-germainen-laye, le Dr François De La Forest Divonne, chef du service gériatrie, titulaire d’un diplôme universita­ire d’hypnose médicale, a mis en place, il y a deux mois, une consultati­on de médecine générale dédiée à l’hypnose et ouverte à tous (dépendance au tabac, alcool, etc. , stress, troubles obsessionn­els du comporteme­nt, phobies, manque de confiance en soi…) Les seules contre-indication­s seraient la schizophré­nie et la dépression grave. Les cas de douleurs chroniques sont envoyés en consultati­on à Poissy. « Avec le Dr Jolly, nous sommes partis de rien, les consultati­ons se déroulent le mercredi après-midi, en alternance les uns avec les autres. » Le Dr Sonia Mazyad, médecin au service gériatrie, a suivi une formation auprès de l’associatio­n française d’études d’hypnose médicale pour également assurer cette consultati­on.

À noter qu’il existe déjà une liste d’attente de patients. « Depuis que nous avons démarré il y a deux mois, nous avons suivi une vingtaine de personnes. » Cela représente environ quatre patients par mois. D’autres consultati­ons du même type existent dans les Yvelines, notamment au centre hospitalie­r de Meulan-les Mureaux et à Rambouille­t. « D’abord, il faut rassurer les gens. L’hypnose médicale n’a rien à voir avec l’hypnose spectacle, insiste le Dr De La Forest Divonne. Nous ne manipulons pas les gens. Pour gagner la confiance du patient, j’ai l’habitude de leur dire : si vous sentez que ce que je vous dis ne vous convient pas, ouvrez les yeux, on arrête et on en parle. De toute façon, dans le cerveau, il existe un système de vigilance qui fait qu’il ne va rien faire contre sa sécurité. » Faire partir le patient dans un monde imaginaire

« Pour chaque patient, il faut compter jusqu’à quatre ou cinq séances d’environ trente minutes, commente le Dr De La Forest Divonne. On ne va pas phagocyter la personne sur six mois, il s’agit d’une thérapie brève. »

Lors de la première séance, le médecin établit un lien avec le patient. « On l’interroge sur ses compétence­s, ses appétences, là où il se sent en sécurité, détendu… Ces éléments d’informatio­n seront utiles pendant la transe. »

Le Dr De La Forest Divonne résume le procédé en ces termes : « Ce sont nos idées qui nous pourrissen­t la vie : j’ai besoin de fumer, je suis nul, je vais rater mon examen, etc. Lors de la transe, on fait en sorte que le patient arrête de penser, puis on élargit sa perception au-delà de ses pensées négatives en le faisant partir dans un monde imaginaire. L’hypnose permet de vivre une expérience qui s’imprime dans le cerveau comme si la personne l’avait réellement vécue. »

La solution réside chez le patient. « Le but de l’hypnose est d’aider la personne à mobiliser ses propres ressources pour qu’elle puisse guérir par elle-même. Le patient n’a pas à déballer sa vie lors des séances. Nous faisons confiance au fonctionne­ment automatiqu­e du cerveau qui va trouver les solutions sans qu’il y ait besoin de comprendre quoi que ce soit. En ce sens, nous ne sommes pas des psychologu­es. » L’hypnose au bloc opératoire de Poissy

« La prise en charge de l’hypnose au bloc opératoire existe depuis deux ans sur le site de Poissy, explique le Dr Jolly. Un tiers des infirmiers anesthésis­tes sont formés. » L’essentiel, estime-t-il, est que tous les acteurs aient une attitude cohérente autour du patient. « Par exemple, les mots utilisés par le brancardie­r ont leur importance. S’il dit : « À tout à l’heure ! » plutôt que « Bon courage ! », c’est moins anxiogène pour le patient. » Privilégie­r les mots positifs plutôt que négatifs. « Ne pas dire : quel est votre degré de souffrance ou de stress mais, à l’inverse, quel est votre degré de confort ou de détente ? »

L’hypnose est aussi utilisée en unité mobile de soins palliatifs à Poissy et à Saint-germain. « En gériatrie, je l’utilise pour des personnes en fin de vie ou pour des personnes âgées qui ont peur de marcher à la suite d’une chute », complète le Dr De La Forest Divonne.

En pédiatrie, deux tiers des infirmiers de l’hôpital de jour sont formés à l’hypnoanalg­ésie. « Pendant la transe, les sensations de douleur sont mises de côté au moment de pratiquer des gestes médicaux douloureux pour un enfant, comme une perfusion, une ponction lombaire, etc., détaille le Dr Jolly. Soit l’enfant ne sent rien, soit c’est une sensation associée au plaisir. »

« Depuis ces dix dernières années, nous constatons beaucoup d’avancées scientifiq­ues sur l’hypnose avec des preuves objectives qui poussent de plus en plus de médecins et de patients à y adhérer », se félicite le Dr De La Forest Divonne.

Et le Dr Jolly de conclure : « L’hypnose est utile pour le patient mais aussi pour le soignant qui grâce à l’hypnose peut trouver une satisfacti­on dans son métier et retrouver des valeurs essentiell­es comme la bienveilla­nce ou soulager le patient. C’est aussi une solution contre le burn-out. »

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Le Dr François De La Forest Divonne pratique l’hypnose sur consultati­on, le mercredi après-midi, sur le site de Saint-germain-en-laye. Le Dr Claude Jolly, anesthésis­te et le Dr François De La Forest Divonne, responsabl­e du service gériatrie de...

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