Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Règlement de comptes sur la place du marché

- Da. G.

Il est plutôt rare que dans une même affaire, les accusés soient aussi des victimes, et inversemen­t. Le 11 octobre, le tribunal correction­nel avait à juger un dossier de violences en réunion impliquant deux frères d’un côté, deux amis de l’autre. Les deux duos avaient chacun déposé plainte après les faits, rejetant la faute sur l’autre.

Tout avait commencé le 15 juillet dernier. Omar (23 ans) en a assez des motos bruyantes qui troublent le sommeil de son jeune enfant. Et le fait savoir aux adeptes de ces rodéos sauvages dans le quartier. D’après lui, Djoungou (22 ans) n’aurait pas apprécié. Un crachat au visage, deux-trois gifles. Omar tourne les talons mais prévient aussitôt son frère aîné Hellel (27 ans). Ce dernier décide de partir avec son frangin à la recherche de Djoungou pour s’expliquer. C’est à partir de ce moment-là que les versions diffèrent diamétrale­ment.

Deux versions s’affrontent

Les frères retrouvent la trace de Djoungou au niveau de la place du marché à Guyancourt. Il est 21 h 30. Ce dernier est en voiture avec Fa, 23 ans. Sur les caméras de surveillan­ce, on aperçoit distinctem­ent la voiture occupée par Hellel et Omar se garer juste derrière celle conduite par Djoungou. Les images suivantes montreront les deux frères en train de poursuivre en courant ceux qu’ils recherchai­ent. « On s’est un peu bousculés, c’est tout », assure Hellel.

Djoungou, lui, a une autre version lorsqu’il vient déposer plainte le 17 juillet. Il parle de tentative de meurtre. Selon lui, il aurait été frappé avec un couteau. Il a d’ailleurs passé la nuit suivant les faits à l’hôpital. Le médecin qui l’a examiné a relevé des plaies superficie­lles aux fesses plus deux autres, à une cheville, qui ont nécessité la pose de six points de suture. Tout semble confirmer son accusation. « Sauf qu’à aucun moment, sur les images de vidéosurve­illance, on ne voit ce fameux couteau », pointe l’avocat des deux frères. Le compte-rendu du médecin qui a pris en charge Djoungou est d’ailleurs troublant. Pour expliquer les plaies profondes à la cheville, il est écrit : « morsure de chien vacciné connu ».

« Personne n’est tout blanc »

Difficile, au final, de démêler le vrai du faux. « Personne n’est tout blanc », a en revanche souligné le procureur. Les juges en ont convenu. Omar, accusé d’avoir porté les coups de couteau, Djoungou et Fa ont été condamnés chacun à 6 mois de prison. Une peine qui n’a pas été assortie du mandat de dépôt. Hellel, lui, a également écopé de 6 mois mais avec sursis.

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