Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Un photographe yvelinois au royaume des manchots
Installé près de Saint-quentin-en-yvelines, Stanley Leroux, 33 ans, est un photographe professionnel récompensé pour son travail sur les manchots des îles Falkland. Il sera à Villennes-sur-seine, le 5 décembre, pour exposer une partie de ses oeuvres.
Êtes-vous natif des Yvelines ?
Je suis né dans l’essonne mais j’ai grandi dans les Yvelines, à Saint-quentin-en-yvelines. J’y ai fait mes études et c’est là que je vis au quotidien.
Est-ce là que vous avez commencé la photographie, avec vos parents peut-être ?
Non, je n’ai jamais sorti mon appareil photo dans les Yvelines. La pratique de la photo m’amène à voyager et j’ai envie de photographier quand je suis en voyage. J’ai donc débuté un peu par hasard et de façon assez tardive. Mon premier appareil photo reflex, je l’ai utilisé vers 18 ans, pas avant.
Quel voyage vous a donné envie de photographier ?
Un élément déclencheur a été ma passion pour la moto qui m’a amené à faire des photos de compétitions sportives de moto, notamment le Championnat du monde de moto-cross. À 20 ans, c’est devenu mon métier.
Vous vous êtes formé vousmême ?
Oui. Un jour, il y a six ans, une amie m’a traîné de force dans une exposition de photos animalières, à Drancy, qui ne m’intéressait pas plus que ça. Ce jour-là, ça a été une révélation. Cela a créé beaucoup d’émotions en moi et m’a donné envie de m’investir dans ce milieu et de passer de l’autre côté de l’objectif par rapport à ces photos qui m’avaient fait rêver.
À Villennes, vous présenterez des photos que l’on peut voir dans votre livre « Cinquantièmes hurlants » (*).
Oui et l’exposition portera le même nom.
Dans quelles circonstances avez-vous réalisé ce projet il y a quatre ans ?
Il y a six ans, j’ai commencé à voyager en France, puis j’ai fait un safari-photo en Afrique, ça m’a plu, mais je n’avais pas encore trouvé la « destination rencontre », celle où il se produit une harmonie entre vous-même et le lieu. J’ai cogité pendant un an pour trouver où je pourrais voyager pour donner vie à l’univers que j’avais en tête. Un jour, j’ai décidé de faire un voyage de deux mois en Amérique du Sud tout seul, voir ce qui allait en ressortir. Dans ces deux mois en période d’été austral, j’avais quasiment un mois dans les îles Falkland et ce mois a supplanté le reste.
Quelles images recherchiez-vous ?
C’est difficile à expliquer car c’est de l’ordre du ressenti. J’avais besoin de représenter l’animal dans son environnement. Je ne suis pas très féru de nature ni ornithologue. Je voulais faire parler le lieu dans lequel les animaux s’expriment et montrer l’animal dans son environnement. Cela impliquait de cadrer très large. Ces décors, je les ai trouvés par hasard aux îles Falkland. Elles sont très peu médiatisées, notamment en France.
Sur le terrain, vous aviez un guide ?
Non, j’étais seul. Les manchots ne vont pas vous manger, il n’y a pas de danger comme lorsque vous vous baladez en Afrique sauvage. Cela fait partie de ma démarche d’évoluer seul, car cela me permet de m’immerger dans le lieu. Si on est trop entouré, le temps passé à discuter, à échanger avec l’autre fait qu’on partage moins avec la nature.
Comment faisiez-vous pour repérer les lieux ?
Je me suis documenté pendant un an avant le voyage pour comprendre sur quelles îles aller. C’est un archipel de six cents îles, dont une quarantaine qui est visitable. Je me suis renseigné sur la position des colonies, savoir lesquelles étaient les plus en danger, la topologie, le climat qui peuvent varier d’une île à l’autre… J’ai constitué un itinéraire et une fois sur place, je demandais des renseignements supplémentaires aux propriétaires des îles. Car chaque île est une propriété privée.
J’imagine qu’il a fallu vous faire accepter des animaux pour pouvoir les approcher ?
Les manchots s’approchent plus facilement car ils n’ont jamais été chassés par l’homme. Mais pour pouvoir entrer dans leur univers, cela demande un certain temps. Il y a des îles où cela a été plus difficile car elles n’étaient pas habituées au tourisme. Il y en a une notamment, qui fait à peu près la taille de l’île de Malte et j’étais le seul touriste dessus. Personne n’y vit. Là, les manchots connaissent tellement peu l’homme qu’il leur faut du temps pour s’habituer.
Vos sources d’inspiration, parmi des photographes connus ou moins connus ?
Je tire plus mon inspiration dans le cinéma et la peinture que dans la photographie. On peut le voir à travers mes lumières et décors qui semblent irréels alors que c’est naturel. Le cinéma essaye de transmettre un message en essayant de guider votre ressenti et pas en montrant la réalité telle qu’elle est. J’essaie de faire pareil, montrer ce que j’ai ressenti plus que ce que j’ai vu. Il y a beaucoup de technique sur la prise de vues pour aboutir à ces lumières.
Vous travaillez avec quel matériel ?
Je voyage très léger. Je suis équipé en boîtier et objectif Canon. Tout le livre, je l’ai fait avec deux objectifs, un téléobjectif 70-200 mm et un grand-angle 17-40 mm. Le boîtier c’était un Canon 5D mark III. J’avais un trépied pour les prises de vues en pose longue. Le fait d’avoir un matériel limité oblige à être plus mobile et plus créatif.