Les juges dénoncent la lâcheté des témoins

Clara (*) a eu très peur, le 16 novembre dernier, rue de la Paroisse à Versailles, quand elle s’est retrouvée bloquée contre un mur par Paulo (42 ans).

Nous sommes en pleine après-midi. La collégienne de 14 ans est abordée par un SDF. Ce dernier, complètement ivre, l’abreuve de questions puis la colle contre le mur, la piquant du doigt sur le haut du corps, les bras et la poitrine à plusieurs reprises. « Tu es très jolie ! » , lui lance-t-il. Clara se retrouve prise au piège. « Je ne pouvais plus m’enfuir, plus parler, a-t-elle raconté à la police. J’étais complètement tétanisée par la peur. »

Pendant plusieurs minutes, « une quinzaine » estime-t-elle, la jeune fille va désespérément tenter de croiser le regard des piétons pour demander du secours. Mais personne ne bouge, n’intervient. Tout le monde passe son chemin. Jusqu’à ce qu’une copine de Clara, accompagnée de sa mère, l’aperçoive et s’interpose. « Elle a écarté le gars et on est partis » , a encore témoigné la victime au commissariat. Le mis en cause, connu comme le loup blanc à Versailles, sera rapidement interpellé.

« J’étais tétanisée par la peur »

Le 21 novembre, Paulo n’était pas le seul accusé devant le tribunal correctionnel. L’indifférence des passants, le jour de l’agression, a été aussi pointée du doigt. « C’est assez effrayant comme attitude de la part des Versaillais, a même souligné la juge Anne Demortière. Plutôt que donner de l’argent à ceux qui font la manche, ils feraient mieux d’aider à l’avenir les jeunes filles qu’on agresse. »

Le prévenu, condamné en 2006 à 4 ans de prison (dont une année avec sursis) pour agression sexuelle, a traversé son procès comme un fantôme. Par moments, le public et la justice ont même eu l’impression d’être d’abord en face d’un animal sauvage. Sa part d’humanité n’a jamais rejailli. « Il n’éprouve ni honte ni remords » , a d’ailleurs résumé l’expert psychiatre dans ses conclusions.

Paulo a été finalement condamné à 16 mois de prison pour l’agression de Clara et maintenu en détention. Un sursis de 4 mois correspondant à une ancienne peine a également été révoqué.