Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

La vieille dame indigne corrigeait son mari à coups de balai et de casserole

- Da. G.

Depuis trois ans, dans le huis clos du domicile conjugal de Prunay-le-temple, Jocelyne (*), 74 ans, a fait vivre un véritable enfer à Robert (*), 79 ans, son époux depuis 1971. Même leurs enfants, âgés d’une quarantain­e d’années, n’étaient pas au courant des humiliatio­ns, mais aussi et surtout des coups, endurés par leur père en silence.

Pour Jocelyne, tous les prétextes étaient bons pour se déchaîner. La clé de maison mal positionné­e dans la serrure, les poubelles pas sorties au bon moment, l’horaire pour donner à manger au chat pas respecté… « Mais vous ne comprenez pas, ce sont des choses très importante­s » , s’est justifiée la tortionnai­re, agacée, le 21 novembre face aux juges.

Partout, dans la maison, il y avait aussi des petits mots, en forme d’injonction­s, sur ce qu’il fallait faire et ne pas faire. Comble de la cruauté, la matrone allait jusqu’à priver l’ancien instituteu­r de ses effets personnels… et de ses heureux souvenirs. Certains de ses vêtements, les photos de ses enfants… Tout était caché dans des armoires et des placards dont elle seule avait les clés.

Les accès de colère et de violence de Jocelyne ont atteint leur paroxysme le 24 septembre dernier. Trois jours plus tôt, Robert avait évoqué son terrible quotidien à la gendarmeri­e. Les militaires s’étaient rendus au domicile du vieux couple après avoir été alertés par des voisins. Le retraité n’avait pas voulu déposer plainte. « J’avais peur des représaill­es, a raconté la victime le jour de l’audience. J’avais peur que ça empire. »

Ce 24 septembre, vers 21 heures, Robert s’est pourtant mis en tête de partir. Il a déjà fait ses bagages. Jocelyne ne le supporte pas. Elle commence par lui arracher ses prothèses auditives, puis ses lunettes. « Comme ça, tu ne pourras pas conduire » , lui lance-t-elle. Les minutes qui suivent seront d’une violence inouïe. Coups de balai, coups de casserole, mais aussi coups de pied et coups de poing. Bilan : traumatism­e crânien, nez cassé, fracture de deux dents du dentier mais aussi des ecchymoses et des abrasions un peu partout sur le corps. « Les photos de Monsieur sont effrayante­s ! a souligné la juge Anne Demortière. J’ai rarement vu autant de violences de la part d’une femme. »

Humilié et frappé depuis trois ans Une violence « rarement vue chez une femme »

« Impulsive, colérique et atteinte par d’importants troubles de l’humeur » a décrit l’expert psychiatre, Jocelyne a attendu la toute fin d’audience pour avoir quelques mots de compassion. Mais pas d’excuses, surtout pas. « Je me rends compte du mal que j’ai fait. »

La justice a finalement interdit à la retraitée de 74 ans d’entrer en contact avec son époux. Cette obligation s’ajoute à une condamnati­on à 1 an de prison assortie d’un sursis et d’une mise à l’épreuve de deux ans. Voilà l’épilogue, bien triste, de 46 années de mariage.

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