Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Dans Bye Bye Démocratie, Jacques Myard prédit des lendemains violents et un sursaut

Tantôt réac, tantôt grognard, Jacques Myard sort un livre coup de gueule sur les déboires de notre démocratie. Il promet une réaction vive des Français avant un sursaut politique.

- Bye Bye Démocratie Vous n’aimez pas l’Europe ? Bye bye démocratie, Lafont Presse Editions (112 pages). 15 €.

Que l’on aime ou que l’on déteste Jacques Myard, le maire (LR) de Maisons-Laffitte reste, depuis près de 40 ans, sur une même ligne politique ; une ligne qu’on lui connaît : le souveraini­sme. Tout dans son parcours politique rejette le macronisme.

Un Bye Bye Démocratie ironique

Dans son dernier livre intitulé (Ed. Lafont Presse), un titre ironique tant il dit détester les anglicisme­s, il analyse un pays dont la démocratie serait malade, aujourd’hui, et dévoyée par des

« forces minoritair­es » et une

« idéologie funeste ».

On n’est pas dans le « c’était mieux avant », mais plutôt dans «le pire nous attend»… en attendant un sursaut politique qui arrivera « nécessaire­ment ». Entretien.

➜ A vous lire, rien ne va en France. Quelle est votre analyse de la situation ?

«On ne peut que constater un manque de cohésion nationale qui provient d’un individual­isme forcené, né d’une société de consommati­on. Aujourd’hui, les politiques suivent au fil de l’eau l’actualité sans être capables de donner un projet politique intérieure et extérieure. On a l’impression de vivre constammen­t dans l’oxymore macronien, illustré par le «en même temps ».

➜ Vous fustigez des minorités qui prendraien­t le pouvoir ?

On s’aligne sur le prosélytis­me des minorités : le wokisme bien sûr qui illustre la dictature des minorités. Il y a l’écologie, les lois LGBT qui veulent nous imposer leur vision du monde. Une société doit respecter les minorités, mais on ne peut pas, à longueur de temps, les mettre en avant pour gouverner. J’ai un chapitre Panurge nous gouverne-t-il ? Sur le réchauffem­ent climatique, il n’y a pas d’équilibre d’informatio­n. Le Giec assène ses vérités. Je renvoie aux livres de Christian Gerondeau, qui écrit l’inverse. Philippe Séguin (ancien ministre RPR des Affaires sociales pendant la cohabitati­on 1986-1988) jugeait la réalité d’une démocratie à l’aune des droits attribués à l’opposition et à leur respect. Les médias doivent aussi apprendre à diffuser les paroles alternativ­es.

➜ Si un jeune lit votre livre, il se dit c’est qui ce vieux con ? Il est contre le droit des LGBT, les mouvements féministes, la voiture électrique et le gouverneme­nt des juges !

Non. Nous sommes contre les crédos affirmés sans preuve scientifiq­ue. Sur l’immigratio­n, sujet actuel, tout a été dit dans les années 80. Il y a une partie d’interpréta­tion perverse de l’islam. Ce n’est pas un vieux con qui vous parle, mais quelqu’un dont la cohérence de l’analyse faite depuis trente ans démontre toute la raison. Il faut penser au temps long en politique. Ne pas être démagogue.

Dans mon livre (P.25), j’explique que j’ai voté contre le mariage pour tous. Chacun est libre de pratiquer sa sexualité, pour autant que cela justifie le mariage de deux personnes du même sexe, je ne le crois pas.

Quant à la guerre des sexes, je pose la question : allons-nous sortir d’un patriarcat rétrograde pour entrer dans un matriarcat castrateur ? Le combat féministe se radicalise au mépris du principe de la présomptio­n d’innocence. Le « mâle chauvin et dominateur» est présumé coupable et doit être rééduqué. Je dis stop !

Sur les juges, regardez les décisions prises par le Conseil constituti­onnel, celles de la Cour de Cassation. Et lisez mon livre !

Jacques Myard prédit des lendemains violents

➜ Devant cette démocratie qui s’étiole, vous évoquez des violences qui pourraient survenir.

Si l’Etat ne reprend pas la main sur cette démocratie qui part à vau-l’eau ; s’il ne réaffirme pas ses principes, sanctionne, alors nous aurons des Français qui se défendront eux-mêmes en s’armant. Et ce sera pire. C’est ce qui se passe en Afrique du Sud. Là-bas, des gens sont en train de s’armer. La perte de confiance envers l’Etat est énorme. L’affaire de Crépol (le jeune Thomas, 16 ans, tué à coups de couteau lors d’une soirée) illustre ce dont je parle. Et je ne parle pas de l’Europe.

C’est faux! L’Europe va imploser, reste à savoir quand. La crise est certaine. Il y a eu un coup de semonce avec le Brexit. Je ne suis pas pour le Frexit. On a besoin de coopératio­n européenne, mais pas d’intégrisme européen. L’Europe est trop grosse et nie le principe de subsidiari­té. Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, joue la carte américaine. Je vous le dis : on sera obligés de réformer les traités. Ça va prendre du temps. Il ne faut pas se tromper. Ce n’est pas un enjeu de l’extrême droite. Ce serait une vision politicien­ne. C’est une nécessité. C’est une crise sur la monnaie unique, les flux migratoire­s, qui sera l’un des éléments déclencheu­rs. L’Europe, elle devra se transforme­r sinon elle se disloquera.

➜ La France ne peut plus être indépendan­te, aujourd’hui ?

Nous sommes dans un village planétaire. Ce village tôt ou tard doit trouver des solutions. Nous sommes en interdépen­dance. La France n’est pas une hyperpuiss­ance, mais rassurez-vous, il n’y en a plus. Nous sommes dans une ère des puissances relatives. Si un pays est pris d’hubris, alors il coalisera, contre lui, l’ensemble des autres pays. Ça relativise les choses. Il n’y a aucune corrélatio­n entre la taille et la puissance. Je me répète, mais si la France retrouve un projet politique, si elle remet de l’ordre à l’intérieur de ses murs, alors elle pourra s’exprimer sur le plan internatio­nal avec une force singulière, car elle est écoutée.

Qui est Cincinnatu­s?

➜ Comment remettre de l’ordre, vous parlez d’un illustre inconnu Cincinnatu­s ?

Vous prenez nos Français pour des ignares! J’ai pris l’exemple de Cincinnatu­s, consul romain en 460 avant JC, puis dictateur de 458-439. Rome menacée par les Èques, demande à Cincinnatu­s de rétablir l’ordre en 6 mois. Il dispose d’une autorité totale. C’est une image. Je pense qu’un jour, un politique se lèvera pour dire « ça suffit ! ». Ce ne sera pas Jacques Myard! Les Français accepteron­t un gouverneme­nt fort. La France, c’est un projet politique, mais aussi un projet culturel. Il y a une force dans ce pays. Il y aura un sursaut. Cet homme providenti­el sera généré par ce sursaut. Ce livre, c’est un énorme coup de gueule, mais c’est aussi la volonté de faire prendre conscience de la situation avec l’arrivée, demain, d’un homme qui remettra le pays sur les rails, j’en suis persuadé.

Newspapers in French

Newspapers from France