Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Démocratie locale dans les Yvelines : quatre fois plus de démissions dans les rangs de l’opposition
Le collectif d’élus minoritaire du 78 a établi un baromètre de la démocratie locale dans les Yvelines. Près de 50 % des élus d’opposition pourraient jeter l’éponge en 2026.
Les élus locaux minoritaires des Yvelines ont le blues : manque de reconnaissance ; ils ne sont pas assez associés dans la vie de la commune par les majorités municipales… C’est en tout cas ce qui ressort du premier baromètre établi par le collectif créé en septembre dernier. Issus de 54 villes du département, 117 conseillers municipaux d’opposition ont participé à l’enquête.
« Proportionnellement, on démissionne de son poste quatre fois plus dans les rangs de l’opposition que dans la majorité (41 % contre 10 %), observe Yvon Rosconval, élu de Triel-sur-Seine et animateur du collectif. Ce constat n’est pas surprenant. C’est l’illustration d’élus qui s’interrogent sur le sens et l’utilité de leur engagement, tant sont difficiles les relations avec leur maire. »
« Une profonde déception »
À la question «si des élections municipales avaient lieu demain, seriez-vous à nouveau candidat ? », 48 % des personnes sondées ont répondu «certainement pas» ou « probablement pas », alors que 72 % d’entre eux sont élus depuis 2020 seulement.
La plupart n’honorent pas leur mission jusqu’au bout. Pour le collectif, le « coupable » est tout désigné : « Les conseils municipaux sont emblématiques d’un modèle à bout de souffle », juge Yvon Rosconval.
Les règles de transmission de l’ordre du jour et des documents associés — trois ou cinq jours francs avant la date de la séance en fonction de la taille de la commune — entravent ainsi la bonne préparation des conseils selon 71 % des élus minoritaires.
Quelque 95 % d’entre eux regrettent également l’absence d’écoute du maire à leurs propositions et pour 89 % le refus systématique d’ajout de leurs observations à l’ordre du jour.
La relation au maire notée 3,46/10
Le collectif a demandé aux élus sondés d’évaluer, par ailleurs, la relation qu’ils ont avec leur maire sur une échelle de 0 à 10. La moyenne se situe à 3,46/10. « Seulement 38 % des évaluations sont supérieures ou égales à 5 », précise Yvon Rosconval. Ces mêmes élus ont donné la note de 3,16/10 pour l’évaluation du fonctionnement de leur conseil municipal et de 3,28/10 pour les commissions.
« Ce panorama serait incomplet sans évoquer des autorités préfectorales peu respectueuses des élus de la République que nous sommes, ajoute Monika Belala. Seulement 30 % des courriers qui sont adressés font l’objet d’une réponse aux élus minoritaires. »
Revenir sur la prime à la majorité
Pour le collectif du 78, l’enseignement de ce baromètre est clair : il faut revenir sur la prime majoritaire. Pour rappel, la liste arrivée en tête des suffrages à l’issue d’une élection municipale récupère automatiquement 50 % des sièges à pourvoir. La seconde moitié, elle, est répartie à la proportionnelle entre les différentes listes.
❝ « Il faut y voir une profonde déception d’élus bénévoles qui consacrent en moyenne 3,5 jours/mois à leur mandat. »
MONIKA BELALA ÉLUE À HOUILLES, EN CHARGE DE L’ENQUÊTE POUR LE COLLECTIF
❝ « Cet état des lieux doit notamment prendre la mesure d’une disposition comme la prime majoritaire et ses incidences dans le fonctionnement démocratique d’un conseil municipal, au sein de la majorité et de la minorité. »
COLLECTIF D’ÉLUS MINORITAIRE DU 78
«Il doit également interroger les conditions d’exercice du mandat, la communication ou encore l’accès à l’information sur lesquels notre baromètre met en exergue des déficits significatifs », conclut le collectif, qui multiplie les rendez-vous avec les députés et sénateurs pour se faire entendre.