Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Trop simple de trouver leur adresse !
Les cambriolages et les agressions de personnalités à leur domicile sont monnaie courante dans les Yvelines. Les malfrats usent d’un système à la fois simple et efficace.
Alexandre Letellier séquestré récemment chez lui à Hardricourt, Neymar cambriolé à Bougival… Par le passé, de nombreux joueurs de football du PSG ont été la cible de malfrats plus ou moins déterminés dans les Yvelines. Les personnalités du monde sportif ne sont pourtant pas leurs seules victimes.
Dans les archives policières, on trouve aussi le cas de chefs d’entreprise, de professionnels de la maroquinerie et des bijoux de luxe. Et même un chef étoilé, braqué chez lui au ChesnayRocquencourt. On se souvient aussi du home-jacking dont l’animateur Bruno Guillon a été la victime il y a peu à Tessancourt-sur-Aubette. En réalité, les citer tous relève presque de la gageure.
L’exposition sur les réseaux sociaux
Comment les braqueurs parviennent-ils à les localiser, parfois jusque dans les villages les plus retirés du département ? Le procédé est, en réalité, relativement simple, comme différentes sources l’ont expliqué à 78 actu.
« Souvent, sans que cela ne soit systématique, des personnalités s’exposent à outrance sur les réseaux sociaux. Certaines
présentent directement leur dernière montre de luxe fraîchement achetée. D’autres portent simplement des bijoux ou des chaussures de grande valeur. Il suffit de zoomer sur l’image pour savoir à quoi on a affaire. Naturellement, les cambrioleurs et autres malfrats savent que ces gens gagnent beaucoup d’argent. Mais l’exposition de certains biens attise l’envie », assure une source au fait de ces dossiers.
Le deuxième étage de la fusée se trouve dans l’excès d’imprudence. Avoir beaucoup d’argent, c’est aussi le placer. « Généralement, les personnalités montent des sociétés pour abriter leur patrimoine immobilier, ou tout simplement pour légaliser une activité. Elles font l’objet d’une publication légale qui se retrouve alors accessible sur Internet. »
L’adresse de Neymar à Bougival connue en quelques clics
Un exemple l’illustre. Jusqu’à l’été 2023, et son départ pour un club saoudien, le Brésilien Neymar vivait donc à Bougival. Il avait créé une société spécialisée « dans le secteur d’activité de la location-bail de propriété intellectuelle et de produits similaires, à l’exception des oeuvres soumises à copyright ».
Son adresse précise était accessible en une recherche et deux clics. Et il s’agissait de la même que celle de la domiciliation du joueur. À ce jour, elle est toujours en ligne sur le web.
« Ces personnalités devraient être plus prudentes et faire domicilier leurs activités vers des boîtes postales. Cela ne les empêcherait pas d’être la cible d’attaques, mais cela réduirait considérablement les risques », assure notre source.
L’adresse en poche, il ne reste plus aux malfaiteurs qu’à passer à la deuxième étape, à savoir la préparation du délit. On retrouve alors une structure pyramidale avec un ou des commanditaires qui emploient des petites mains. « Le principe est assez rudimentaire. Des repérages sont faits au préalable. »
« Les commanditaires donnent des précisions sur la sécurité, la présence de caméras, d’un gardien, de chiens. Et ils recrutent des plus jeunes contre la promesse de plusieurs centaines d’euros ou l’annulation d’une dette. La machine se met ensuite en route », précise notre source.
Lorsqu’elles sont arrêtées, ces petites mains ne livrent généralement que très peu d’informations aux enquêteurs. Le plus souvent, elles affirment avoir agi par opportunité, avec des explications farfelues. « Jamais personne ne livre d’indices permettant de remonter vers les commanditaires. Pour eux, les enjeux et les conséquences sont trop importants. »
En attendant, trois des quatre agresseurs arrêtés chez Alexandre Letellier devraient être déférés dans les prochaines heures au tribunal de Versailles. Deux sont mineurs. Tous ne sont pas originaires des Yvelines. Ils viennent de Paris, des Hauts-deSeine et de Seine–Saint-Denis.