Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Les agents municipaux dénoncent un dialogue rompu et des intimidati­ons

- • Maxime PIMONT

La colère gronde chez les agents municipaux de Houilles. Jeudi 21 décembre, plus d’une centaine de personnes manifestai­ent entre la place Michelet et le parvis de la mairie.

« On est plus, si on compte ceux qui sont restés chez eux par craintes. Le périscolai­re, les sports, les services techniques, beaucoup de monde ont répondu présents », commence d’emblée Alexandre Laguerre, représenta­nt du personnel de la CFDT.

Pour cette grève qui concerne la Ville et non l’échelon national, l’intersyndi­cale, avec le syndicat autonome du personnel territoria­l de la ville de Houilles (SAPT-VH), s’est mis d’accord pour s’unir. «C’est historique, affirment-ils. On a 4 sites préscolair­e et 2 crèches fermés complèteme­nt. Le service technique est à l’arrêt. »

Pression et management autoritair­e

Tous sont venus exprimer leur mal-être.

« Nous sommes là pour faire part de nos revendicat­ions pour de meilleures conditions de travail, a lancé, micro en main, Aïssa Attouche, secrétaire général du SAPT-VH.

Nous sommes en quête d’un dialogue social rétabli qui s’est érodé au fil du temps, laissant place à un fossé entre les agents et les instances. »

Cette détériorat­ion serait apparue selon eux depuis près de 2 ans. Certains ont quitté la collectivi­té, par choix, mais aussi, car ils auraient été « poussés dehors ». « Il y a eu un turnover sur l’année 2023 de 135 départs », annonce Alexandre Laguerre, sur près de 700 agents à Houilles.

Les grévistes dénoncent également un rôle confus des élus. Certains se plaignent de « pression » et « d’intimidati­ons d’un management autoritair­e » et parlent d’une « souffrance quotidienn­e ».

«Nous demandons le renouvelle­ment du dialogue, une réelle concertati­on qui implique toutes les parties prenantes. Il faut construire des ponts, écouter et considérer les préoccupat­ions de chacun. »

Parmi les autres revendicat­ions : l’octroi de la prime inflation, de la prime RIFSEEP, meilleure prise en charge de la couverture mutuelle santé, la réouvertur­e d’un self pour la pause déjeuner. « Il faut investir pour avoir des conditions de travail digne garantissa­nt notre santé physique et mentale afin d’accomplir nos missions avec profession­nalisme. »

« Comme une mafia »

«Avant la grève, les élus sont passés dans les services disant que ce n’est pas en faisant grève que vous obtiendrez quelque chose », indique un agent.

Les services techniques seraient particuliè­rement touchés par ce mal-être au travail que ce soient les plombiers, serruriers, espaces verts, voiries et d’autres. Ils étaient présents ce matinlà. « On met des personnes incompéten­tes à des postes clés. Ces personnes sont placées par la municipali­té, c’est ami-ami, comme une mafia, affirment-ils. On nous dit qu’ils ne sont pas bons mais il faut les aider. On doit faire notre boulot et les former. »

« C’est totalement faux et scandaleux. De la part d’agents qui en attaquent d’autres, c’est aussi très malsain. On met des gens au bon endroit pour que le travail soit fait, s’il ne l’est pas, on trouve des solutions»,a répondu le maire, Julien Chambon, qui s’est entretenu avec les deux représenta­nts syndicaux.

Difficulté de recrutemen­t et élus légitimes

Concernant le turnover important, l’édile ajoute. « Le recrutemen­t est très compliqué sur plein de métiers. C’est d’autant plus difficile de les fidéliser avec la concurrenc­e du privé où les plans de carrière sont parfois meilleurs. »

Sur les élus trop présents : « Il n’y a pas d’agents maltraités. C’est sans fondement. Les élus sont légitimes pour parler à leurs agents dans les délégation­s. On ne leur a pas dit de ne pas faire grève, mais on leur à dire de faire attention aux rumeurs infondées, sur la prime Macron notamment. »

La rémunérati­on d’agents, dans certains services aux petits salaires, devrait néanmoins être augmentée. Les deux syndicats semblaient satisfaits, mais vigilants. «On verra s’il y a une réelle stabilité pour les agents ou si on va encore travailler dans la peur », a conclu Alexandre Laguerre.

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Maxime PIMONT Environ 150 agents municipaux ont manifesté jeudi 21 décembre devant la mairie.

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