Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
«Excusez-nous, on est tellement dans le désespoir» : le cri du coeur d’un agriculteur aux voeux de Karl Olive
Olivier Gousseau, exploitant agricole dans les Yvelines, a poussé un coup de gueule lors des voeux du député Karl Olive, à Orgeval : « On vit dans le misérabilisme. »
Olivier Gousseau, exploitant agricole dans les Yvelines, pousse un véritable coup de gueule contre ce qui est en train de
«tuer le monde agricole». Il était l’invité du député Karl Olive (Renaissance), qui rassemblait les élus de la 12e circonscription, lors de ses voeux, jeudi 25 janvier, à Orgeval.
« On a l’impression que cela fait huit jours qu’on existe, a-t-il commencé. Nous sommes là pour exprimer un malaise agricole qui est très fort. Nous vivons dans le misérabilisme.
En région parisienne, on commence à bouger depuis ce matin [jeudi 25 janvier], mais dans le Sud, cela fait huit jours que ça bouge. »
« Nous avons pour consigne de ne pas ennuyer les usagers »
Olivier Grousseau, visiblement très ému, et dont le téléphone portable sonnait pour l’organisation des blocages en région parisienne, a ajouté : « Nous avons pour consigne de ne pas ennuyer les usagers. »
L’agriculteur connu pour ses cultures de céréales a reconnu
«produire à perte». « Nous voulons de la reconnaissance, mais être surtout compétitifs. La balle est dans votre camp, s’est-il exprimé face au public.
On demande aux consommateurs d’acheter français pour que l’on puisse vendre nos produits. »
«Cela peut durer jusqu’au salon de l’agriculture »
Olivier Gousseau rappelle sa situation personnelle compliquée : « Cela fait plus de quatre ans que je suis en déficit. Je dégage zéro revenu sur mon exploitation. »
« Nous vivons un vrai malaise»
Il explique que le montant du cours mondial du blé est à 190 € la tonne. « En 1984, le cours était à 124 francs du quintal. Cela revient au même si vous convertissez les valeurs : le prix du blé n’a pas bougé en 40 ans ! Nous vivons un vrai malaise. »
Olivier Gousseau raconte regretter que les jeunes prennent la direction de l’agriculture. «J’ai fait la bêtise d’encourager mon fils à partir dans l’agriculture. Il a monté un élevage de poules pondeuses bio. Même le bio, on n’y arrive pas. Il n’y a pas assez de débouchés. On devrait passer à 25 % de production en France. Nous en sommes à 12 % de cultures bio et le marché est déjà saturé ! »
«Je ne sais plus quoi faire»
«J’ai essayé le bio, ça ne marche pas. La betterave, non plus. Il suffit d’une décision politique pour faire s’écrouler la filière. J’essaie le lin. Je vois les Chinois sur le marché. Je ne sais plus quoi faire. Les gens de Bruxelles nous dictent ce que l’on doit faire chez nous », a-t-il terminé sous les applaudissements du public.
Karl Olive a indiqué vouloir afficher son soutien aux agriculteurs avec les maires qui forment la 12e circonscription des Yvelines. « C’est tous ensemble que nous pourrons résoudre ce calvaire qu’ils vivent. Ma famille maternelle est du Finistère sud, à Spézet. Ma petite cousine me disait ce matin que les vaches laitières sur les 112 ha de superficie, c’était du travail 7jours/7. C’est 70 h de travail par semaine. »
❝ « Excusez-nous encore, mais nous sommes tellement dans le désespoir. Nous espérons que le gouvernement bougera les curseurs. » OLIVIER GOUSSEAU, EXPLOITANT AGRICOLE DANS LES YVELINES
❝ « Le matin, je me lève pour me dire que je vais perdre de l’argent. C’est du désespoir. » OLIVIER GOUSSEAU, EXPLOITANT AGRICOLE DANS LES YVELINES
❝ « Ces gens-là vivent à crédit toute leur vie. Ils dépensent 49 centimes pour produire un litre de lait et c’est 40 centimes à la revente. » KARL OLIVE, DÉPUTÉ DE LA 12E CIRCONSCRIPTION DES YVELINES
Un discours politique, rappelons-le de la part d’un député de la majorité présidentielle, qui appelait le gouvernement à agir. Olivier Gousseau est reparti sous les applaudissements d’un public acquis à sa cause. À Orgeval, le monde agricole est tout près de là.