Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Que reprochent les policiers à l’adjoint au maire placé en garde à vue?

L’affaire embarrasse la mairie. Un adjoint a été placé en garde à vue fin janvier 2024 après un contrôle routier qui a dégénéré.

- • Renaud Vilafranca

Deux versions s’opposent dans cette affaire où Sylvère Maga, maire adjoint délégué à la jeunesse et à la politique de la Ville, est soupçonné de violences sur des policiers. Cet homme de 30 ans, présumé innocent, avait été placé en garde à vue, le 29 janvier, après un banal contrôle routier qui a dégénéré.

Le principal intéressé, contacté à plusieurs reprises, n’a pas donné suite à nos sollicitat­ions.

Selon nos informatio­ns, il conteste la version policière et accuse même les agents de brutalités.

Il a été remis en liberté. Des investigat­ions supplément­aires, comme l’exploitati­on des images de vidéosurve­illance et l’audition de témoins, vont être menées afin de déterminer qui dit vrai dans cette affaire.

Contrôlé pour un feu arrière hors service

Dans leur rapport, les trois fonctionna­ires de la Brigade anticrimin­alité (Bac) de Sartrouvil­le expliquent avoir croisé l’élu, au volant d’une Renault Mégane noire, vers 19 h, rue de la Marne, tout près du quartier Les Pharaons-Genêts d’où il est originaire. Ses feux de position arrière ne fonctionna­ient pas.

Gyrophare, deux-tons, ils le font se stationner pour procéder à un contrôle. À ses côtés, en place passager avant, se trouve un jeune homme dépourvu de ceinture de sécurité. Rapidement, le ton est donné. « Nous demandons au conducteur du véhicule de nous présenter les papiers afférents à la conduite et la mise en circulatio­n du véhicule. Ce dernier nous déclare ne pas être en possession de pièce d’identité ou de permis de conduire », est-il noté.

Ensuite, les policiers leur demandent de descendre afin de procéder à « une palpation de sécurité». Le passager avant droit en aurait profité pour tenter de prendre la fuite. Rapidement rattrapé, ce ressortiss­ant marocain âgé de tout juste 18 ans, dont l’adresse est inconnue, présente son passeport. Sylvère Maga, inconnu jusque là des services de police, aurait alors commencé à s’énerver, refusant à plusieurs reprises de descendre de sa Mégane. « Après plusieurs minutes de négociatio­ns, le conducteur se décide enfin à sortir de son véhicule. […] L’individu refuse catégoriqu­ement d’être palpé et touché », relatent les policiers dans le PV.

Grands gestes, haussement de ton… Le maire adjoint, « très énervé », aurait alors repoussé « à deux reprises » le brigadierc­hef qui tentait de le palper.

Ce banal contrôle routier prend alors une tout autre tournure. Les agents de la Bac se décident à l’interpelle­r au vu de ces violences présumées. Au moment où l’un des policiers le saisit par le bras pour le menotter, il se serait débattu « fortement », tentant de fuir. À trois, ils tentent alors de le maîtriser.

C’est alors que le passager de 18 ans aurait « ceinturé » un des fonctionna­ires par-derrière, le faisant chuter. Ce jeune homme, comme sur un ring de boxe, se serait ensuite mis en garde, poings fermés, dans le but manifeste d’en découdre. Il aurait reçu en réponse une

« percussion main fermée au niveau du visage » de la part d’un agent de la Bac. Sonné, il s’écroule.

Durant ce laps de temps, l’un des trois policiers retient comme il peut Sylvère Maga, qui, toujours selon ce rapport,

« ne cesse de se débattre violemment » et le fait tomber. Ses deux collègues viennent lui prêter main-forte. Pendant ce temps, le passager s’enfuit.

Plaqué contre un véhicule, l’adjoint au maire, hors de lui, aurait lâché un flot d’insultes : «Fils de pute», «allez vous faire e…», « sales bâtards ». «Finissons par l’amener au sol et […] à le menotter avec difficulté », car il gardait « ses bras sous son buste», est-il noté dans le procès-verbal, dans une séquence horodatée à 19 h 15. Alors que des renforts étaient en chemin, des « individus hostiles » se sont rapprochés de la scène pour lancer des projectile­s en direction de la patrouille qui a pu s’extraire de là sans trop de difficulté­s.

Plusieurs vidéos de l’arrestatio­n prise par des riverains circulerai­ent. Pour le moment, nous n’avons pas pu nous les procurer.

Une procédure a donc été ouverte pour «outrage», «rébellion » et « violences sur personnes dépositair­es de l’autoritépu­blique» à l’encontre de l’élu. Les policiers ont déposé plainte. L’un d’eux se serait vu délivrer dix jours d’ITT (incapacité temporaire de travail), d’après une de nos sources.

Selon nos informatio­ns, Sylvère Maga est ressorti de garde à vue le lendemain dans la matinée. Son passager n’aurait pas encore été auditionné. « Il reste des témoins à entendre pour faire toute la lumière sur ce dossier », déclarait, lundi, une source judiciaire.

De son côté, le trentenair­e accuse les fonctionna­ires de police de violences. Mardi 6 février, l’état-major de la police nationale n’avait pas connaissan­ce d’une quelconque procédure initiée à l’IGPN.

Soutien du maire

Au conseil municipal depuis 2020 et impliqué de longue date dans la vie locale, il conserve le soutien du maire Renaissanc­e, Julien Chambon. Alors que dans l’opposition, certains désirent sa mise en retrait le temps d’y voir plus clair. « En l’état actuel des choses, je n’ai aucune raison de remettre en doute la probité de mon adjoint. Un élu ne doit pas avoir de passe-droits, mais il ne doit pas non plus être jugé avant les autres, sur la place publique », a déclaré l’édile.

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Site Internet de la mairie de Houilles Sylvere Maga

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