Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

« Daaaaaali ! »

- • Pierre Limat

Infatigabl­e Quentin Dupieux ! Depuis « Au Poste ! » en 2018, il nous offre aujourd’hui son septième film en un peu moins de six ans. Sans donner l’impression de se répéter, même si l’absurde irrigue son cinéma depuis son premier passage derrière une caméra. Il y a quelques mois, « Yannick » nous emmenait dans une salle de théâtre, où une mauvaise pièce de boulevard était interrompu­e par un spectateur mécontent du spectacle. S’il est encore question d’art dans « Daaaaaali ! », c’est de peinture puisque son treizième long métrage raconte les rencontres entre une journalist­e (Anaïs Demoustier) et Salvador Dali. Joué par six acteurs différents, dont Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï ou Gilles Lellouche, avec leur meilleur accent espagnol. On pense très vite à « I’m Not There », qui faisait de même avec Bob Dylan, à ceci près que chaque interprète jouait une époque différente du chanteur. Au même titre que le peintre qu’il représente, Quentin Dupieux s’amuse des convention­s et créé ses propres règles, dans un récit en forme de poupées russes, où s’immisce parfois un rêve dans un rêve dans un rêve… Cela demande évidemment un lâcher-prise et nul doute que ce nouvel opus pourra rebuter celles et ceux qui préfèrent la part plus terre-à-terre du réalisateu­r-scénariste-chef opérateur-compositeu­r, à l’oeuvre dans « Yannick » ou « Le Daim ». Jamais dans la révérence vis-à-vis de Dali, mais plus optimiste que dans ses films précédents, il nous sert un gag absolument génial et s’amuse à nous surprendre constammen­t en donnant vie aux idées les plus absurdes. Dans un long métrage qui n’est pas le biopic que l’on pourrait attendre, mais plutôt une manière de faire vivre l’essence du peintre sur grand écran. Sur le papier, la rencontre entre ces deux amateurs du non-sens relevait de l’évidence. Et cela se vérifie très rapidement avec un « Daaaaaali ! » aussi riche qu’il est court (1h18, une habitude chez le metteur en scène). Un peu trop peut-être, à tel point qu’un second visionnage peut s’avérer nécessaire pour saisir toutes les idées. Il faut juste accepter de ne pas tout comprendre.

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