Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Un champion de la cordonneri­e s’installe rue Saint-Nicolas et vient combler un vide

Ouvert depuis le mardi 13 février rue Saint-Nicolas, le cordonnier Thomas Cardoso propose réparation et création de paires sur mesure haut de gamme.

- • Maxime Pimont ■ Instagram : thomas_cardoso_shoemaker.

Un nouveau cordonnier débarque enfin en ville. Âgé de 20 ans, Thomas Cardoso a ouvert son commerce spécialisé en cordonneri­e et botterie, mardi 13 février, dans le local laissé vacant par l’ancienne fleuriste. Situé rue Saint-Nicolas, il bénéficie d’un espace boutique lumineux. Son atelier est à l’arrière du magasin.

Son installati­on dans la cité du cheval n’est pas due au hasard. C’est lui qui avait racheté le matériel de l’ancien cordonnier — implanté juste en face de son actuelle boutique — parti il y a deux ans, laissant la commune sans cordonnier.

« Je fais de la réparation, de l’entretien et de la fabricatio­n sur mesure avec la création de modèles en relation avec le client, selon ce qu’il souhaite, la forme, le cuir, la couleur…, détaille Thomas Cardoso. On arrive sur un produit fini confortabl­e et durable. »

Recycler plutôt que jeter

Passionné par son métier, le nouveau cordonnier travaille la chaussure comme un produit de qualité qu’il faut entretenir et réparer le cas échéant. « Je cherche à toucher une clientèle qui s’intéresse au monde de la vraie chaussure, celle qui, de base, est censée durer dans le temps. Je ne travaille pas sur de la chaussure jetable, type basket. »

Permettre au client de faire renaître sa paire de chaussures est pour l’artisan une motivation supplément­aire.

Les premiers clients sont sur la même longueur d’onde. « C’est une super nouvelle, explique cette femme qui indique beaucoup marcher. De manière générale, il faut plutôt réparer que jeter. Je me sens bien dans les chaussures qui ont du vécu et c’est difficile d’en trouver d’autres qui nous conviennen­t. Ça permet de leur assurer une durée de vie supplément­aire et un meilleur confort. »

« Ce retour d’un cordonnier, c’est important, souligne une autre cliente, venue du Mesnil-le-Roi. On en a connu deux, puis un, puis aucun. C’est un artisan indépendan­t qui permet de faire du recyclage, à proximité. »

« Un coup de coeur » pour la cordonneri­e

Thomas Cardoso a tout de suite su qu’il voulait faire un métier manuel. « J’ai toujours été dans des écoles spécialisé­es. À la fin de ma 3e, je me suis directemen­t orienté vers une profession », explique le jeune homme qui a grandi à Nanterre (Hauts-de-Seine).

Il souhaite alors être menuisier-ébéniste comme son grandpère et son arrière-grand-père. Mais, l’école étant trop loin pour lui, il s’oriente finalement vers un lycée spécialisé en cordonneri­ebotterie, à Garches (Hauts-deSeine), l’EREA Jean-Monnet.

« Ça a été le coup de coeur, lance l’artisan. J’y ai fait toute ma formation, la validation de mes deux CAP et le concours du meilleur apprenti de France. J’ai adoré l’aspect créatif de la botterie et travailler la matière, le cuir, un matériau noble, vivant, comme le bois finalement. Il y a aussi les mêmes outils. »

Médaille d’argent de Meilleur apprenti d’Île-de-France

Lors de sa dernière année d’apprentiss­age, il s’inscrit à ce concours du Meilleur apprenti de France, qui réunit plus de 5500 candidats de moins de 21 ans dans plus de 120 métiers.

Il obtient la médaille d’or des Hauts-de-Seine, puis la médaille d’argent Île-de-France. Une confirmati­on. « J’ai charbonné comme pas possible pendant près de dix mois », indique-t-il.

La paire, unique, qu’il a confection­née, il la garde précieusem­ent dans son atelier.

❝ « On parle beaucoup d’écologie et de ne pas jeter, c’est aussi pour ça que j’aime mon métier. Il y a des paires qui ont une histoire et qui peuvent encore vivre des années. » THOMAS CARDOSO, CORDONNIER ET BOTTIER

❝ « Ça m’a apporté énormément : une formation accélérée, de la rigueur, car j’ai dû recommence­r des coutures des dizaines de fois, et la persévéran­ce. » THOMAS CARDOSO, CORDONNIER ET BOTTIER

À son compte, Thomas Cardoso aime laisser libre cours à son imaginatio­n. « J’aime l’aspect créatif », insiste-t-il. Sur le long terme, il espère se faire connaître, obtenir des partenaria­ts avec de grandes marques et ensuite ouvrir d’autres boutiques. Il prévient : « Je préfère être un peu plus cher et faire de la qualité. »

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