Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Conflit entre deux associatio­ns à la cité des Indes, les familles se mobilisent

Un conflit entre deux associatio­ns sur l’utilisatio­n d’un local dans le quartier des Indes fait des remous. Les familles qui utilisent ce lieu ont manifesté leur mécontente­ment. La justice a été saisie.

- • Maxime PIMONT

C’est un conflit dont le quartier des Indes se serait bien passé. Deux associatio­ns, pourtant proches, se battent pour l’occupation d’un local situé 4, rue Esnault-Pelterie.

La confédérat­ion syndicale des familles (CSF) de Sartrouvil­le est sommée par l’associatio­n Agir et Grandir en Synergie (AGS) de quitter ce lieu. Surnommé la papothèque, c’est un espace de rencontre pour des femmes de tous horizons du quartier. La CSF indique que des cours de couture, ateliers tricot et crochet, des ateliers pour les enfants sont organisés.

Depuis quelques semaines, les familles adhérentes de la CSF manifesten­t leur mécontente­ment, devant les locaux et dans le quartier dont ce samedi 17 février. Création d’une pétition, recueil de signatures sur le marché, les actions se multiplien­t. « L’angoisse et la colère montent, car elles sentent que ça ne va pas bien se passer », affirme Jean-Marc Lauret, le président de la CSF.

Pour comprendre ce conflit complexe, il faut remonter quelques années en arrière.

Une histoire de bail transféré

Le bail du local a été signé en 1998 entre le Logement Francilien (devenu ensuite 1001 Vies Habitat) et la Confédérat­ion Syndicale des Familles. En 2008-2009, la CSF a décidé de créer une filiale pour gérer ses locaux, l’Associatio­n de Gestion des Structures de la CSF (AGSCSF) afin de séparer la gestion des locaux et celle des activités qui y sont accueillie­s Le bail a donc été transféré à l’AGS-CSF et une convention de mise à dispositio­n du local de la papothèque a alors été signée entre l’AGS-CSF et la CSF.

En 2020, les liens se distendent. Le président de la CSF souhaitait réunir les deux associatio­ns en une seule, « ce qui aurait permis de conjuguer nos compétence­s respective­s, explique la CSF. Non seulement l’AGS-CSF a refusé la fusion, mais en 2021, sans respecter l’obligation inscrite dans ses statuts de ne modifier ses statuts qu’après l’accord de la CSF, sans respecter l’obligation de réunir une assemblée générale constituée de tous les adhérents de la CSF sur le territoire, l’AGSCSF a décidé de rompre tous liens avec la CSF, a gardé le sigle, mais en changeant de raison sociale pour devenir l’associatio­n Agir pour Grandir en Synergie. »

«Les statuts initiaux ne respectaie­nt pas le cadre légal, explique en retour l’AGS. Ils indiquaien­t qu’une personne qui adhérait à la CSF adhérait automatiqu­ement à l’AGS-CSF, ce qui est illégal. Deuxièmeme­nt, tout ce qui est RGPD n’était pas respecté. Et, beaucoup de financeurs confondaie­nt les deux associatio­ns. »

« Une gestion irresponsa­ble »

Ce qui a poussé l’AGS à prendre cette décision sur la papothèque, c’est qu’elle est responsabl­e de ce local et, selon elle, certaines pratiques mettraient en péril la structure. «La CSF met à dispositio­n le local associatif à d’autres associatio­ns sans en informer au préalable l’AGS, se passant a fortiori de son autorisati­on et sans veiller à ce que ces associatio­ns soient bien assurées. Par ailleurs, les associatio­ns invitées par la CSF à occuper le local ont une activité distincte de celle pour laquelle le local a été mis à dispositio­n : la couture. Sauf que le responsabl­e légal en cas de sinistre, encore aujourd’hui, est l’AGS. La CSF met en danger AGS par une gestion irresponsa­ble. »

Un compromis a un temps essayé d’être trouvé pour partager le local, mais les deux associatio­ns ne se sont pas mises d’accord.

Audience le 27 février

En 2022, l’AGS engage une action en justice pour obtenir l’expulsion de la CSF. Le juge des référés a engagé une procédure de médiation que l’AGS a refusée.

L’audience aura lieu au tribunal judiciaire de Versailles le 27 février. « Si on est obligés de partir, on sera à la rue jusqu’à la décision du bailleur. » Car 1001 Vies habitat a proposé depuis juillet 2022 une solution de relogement pour la CSF dans les anciens locaux de la PMI au 2, rue du marché. «Ça a beaucoup trainé. La personne qui suivait le dossier a été en congé maternité, et il y a de gros travaux à faire, notamment de mise en conformité pour accueillir le public. »

«On ne veut pas mettre les gens dehors, insiste l’AGS. On veut juste récupérer les clés pour que ça soit de notre responsabi­lité. On veut rénover la papothèque pour faire d’autres projets et ensuite on pourra remettre à dispositio­n quelques jours pour la CSF. »

Des menaces

Cette affaire a pris beaucoup d’ampleurs. Jean-Marc Lauret dit avoir reçu des « menaces de nous sortir du local ». L’AGS relate des faits similaires. « Ces dernières semaines, on a reçu des menaces. On a 3 mains courantes en cours. Deux de nos salariés et une bénévole ont été agressés verbalemen­t avec un qui s’est retrouvé à l’hôpital. C’est inacceptab­le. »

La justice doit désormais trancher.

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