Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Madame Web
Sur le papier, il y avait de quoi y croire un peu. Même situé dans le même univers que les ratés Venom et Morbius, Madame Web a su attirer des acteurs tels que Dakota Johnson, Tahar Rahim, Adam Scott ou encore Sydney Sweeney. Et la bande-annonce intriguait avec son allure de blockbuster des années 2000.
Ce qu’il est, avec une intrigue située en 2003. Mais il ne fait pas preuve d’assez de second degré pour donner l’impression qu’il s’amuse avec les codes de l’époque à laquelle sont nés Daredevil ou Catwoman.
Et c’est loin d’être le seul défaut de ce long métrage issu du catalogue de Spider-Man et dans lequel l’Homme-Araignée, une fois encore, maque à l’appel. A la longue, on a fini par s’y habituer, mais cela reste embêtant avec un personnage, secondaire dans les comic books, qui officie comme mentor de Peter Parker. Le film de S.J. Clarkson trouve quand même la parade avec une intrigue antérieure à sa naissance, qui se déroule pendant la jeunesse de Cassandra Webb, ambulancière qui se découvre des pouvoirs de préscience. Donc une capacité à voir le futur et agir dessus, ce qui est bien pratique lorsqu’Ezekiel Sims, explorateur devenu homme d’affaires, s’en prend à trois adolescentes impliquées dans sa future chute selon un rêve.
Pour le spectateur, c’est moins intéressant, car le pouvoir de l’héroïne annihile le moindre rebondissement et enjeu, avec une mécanique répétitive qui ne parvient qu’à faire naître l’indifférence en attendant une promesse… qui ne sera jamais tenue. Et c’est peut-être le plus gros problème de Madame Web, qui semble plus préoccupé par l’idée de bâtir un monde avec des itérations de Spider-Woman que gérer le présent. A tel point que l’on croirait voir le pilote d’une série télévisée qui a peu de chances de voir le jour. Que le résultat joue la carte de la modestie, pourquoi pas, mais on peut se demander à quel point les intentions initiales ont été altérées pendant la phase de post-production, tant l’opus a des allures d’abandon général, dont les coulisses pourraient être plus intéressantes que ce que l’on voit à l’écran.
Espace Philippe Noiret