Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Profs en colère dans les Yvelines : «La destructio­n du service public de l’Éducation nationale»

Plusieurs enseignant­s des premier et second degrés ont manifesté, mercredi 6 mars, à Guyancourt, devant la direction académique départemen­tale.

- • Florie CEDOLIN

Défendre le service public qu’est l’Éducation nationale. Voici pourquoi des enseignant­s se sont réunis, mercredi 6 mars, devant la direction académique, à Guyancourt, drapeaux et banderoles en main.

Dans leur viseur, notamment : le futur « choc des savoirs », voulu par l’ancien ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal, aujourd’hui Premier ministre.

Dotation globale horaire dans les collèges, manque d’AESH (accompagna­nts d’élèves en situation de handicap), salaires trop bas… Les revendicat­ions sont en fait nombreuses et le ras-le-bol général bien palpable.

Les syndicats avancent groupés

Après plusieurs manifestat­ions avant les vacances d’hiver, le mouvement de grogne s’intensifie et l’intersyndi­cale est réunie. CGT, Sgen CFDT, SNESFSU, SNUipp, Unsa ou encore Sud se sont regroupés dans ce mouvement de contestati­on.

« Les groupes de niveau en français et maths au collège, personne n’en veut, résume Delphine Romagny, représenta­nte du SNES-FSU dans les Yvelines. C’est un dispositif qui ne sera pas efficace et insuffisam­ment financé. »

Un climat en classe qui ne sera pas sain

Au collège Mozart de Boisd’Arcy, par exemple, cette réforme aura des conséquenc­es : « fin des demi-groupes en anglais ou en sciences, moins d’heures de latin», énumère Théophile Delfino, professeur d’histoire-géographie et membre du syndicat Sud. « Cette réforme va instaurer un climat en classe qui ne sera pas sain », estime aussi l’enseignant.

Au-delà de la mise en place des groupes de niveau en collège, le mouvement de contestati­on concerne aussi le premier degré.

Point de rupture

« Nous avons un problème général de sous-investisse­ment dans l’Éducation nationale, estime Kévin Scribot, représenta­nt CGT éducation. Il faut renforcer les dotations horaires, les postes en vie scolaire, le nombre d’AESH… Et cela en urgence, car nous arrivons au point de rupture. »

Une rupture pour beaucoup d’enseignant­s qui abandonnen­t. «Ce matin, nous en avons accompagné trois qui demandaien­t une rupture convention­nelle, souligne Bastien Deschamps, co-secrétaire départemen­tal du SNUipp. Aujourd’hui, chaque jour, 140 classes n’ont pas d’enseignant dans les Yvelines. Et 750 enfants notifiés par la MDPH (maison départemen­tale des personnes handicapée­s) n’ont pas les places qu’il

❝ « Les groupes de niveau vont à l’encontre de nos valeurs, d’une école qui veut la réussite de tous, tous ensemble. » DELPHINE ROMAGNY, REPRÉSENTA­NTE DU SNES-FSU DANS LES YVELINES

leur faut. »

«Avec ce choc des savoirs, il va falloir que les enseignant­s de CM2 fabriquent des groupes de niveau alors qu’ils y sont opposés, ajoute Bastien Deschamps. On vit la destructio­n du service public de l’Éducation nationale. »

Après Guyancourt, les syndicats se sont rendus au rectorat à Versailles avant une nouvelle mobilisati­on, le lendemain, dans plusieurs établissem­ents.

On citera les collèges Mozart de Bois-d’Arcy, Youri-Gagarine de Trappes, Blaise-Pascal à Plaisir, Descartes à Fontenay-le-Fleury ou encore Pierre-de-Coubertin à Chevreuse,… Au total, plus d’une vingtaine d’établissem­ents seront impliqués dans le mouvement.

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