Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Charles Rodwell ne votera pas cette loi

- • Manon VARALDO • Florie CEDOLIN

« Plusieurs auditions ont eu lieu. J’ai rencontré du personnel de l’hôpital Mignot et de la Porte Verte, mais aussi des associatio­ns, des citoyens et à chaque fois, avec diverses conviction­s. »

Se nourrir des travaux de la convention citoyenne

Anne Bergantz souhaite entendre toutes les voix, et a lu les rapports sur le sujet. « Il a été question un moment donné du référendum. Je suis contre. La convention citoyenne sur la fin de vie regroupe l’avis de 184 citoyens tirés au sort, informés et éclairés sur la question. Il faut prendre le temps d’écouter ce que la société attend. »

Encore beaucoup de questionne­ments

Suite aux dernières annonces d’Emmanuel Macron sur les critères de l’aide active à mourir sous certaines conditions : être majeur et en pleine conscience, atteints d’une maladie incurable avec pronostic vital engagé à court ou moyen terme et subissant des souffrance­s ne pouvant être soulagées; d’autres conditions sont encore à définir.

« L’équipe soignante souhaite un cadre juridique plus sécurisant pour eux. Il faudra une demande du patient, et 48h pour voir si cette requête est toujours réelle. Il y aura des débats surement sur s’il faut que cette demande soit répétée, écrite, à qui se fait cette demande, faut-il des témoins, la famille pourrat-elle déposer un recours, détaille Anne Bergantz. Qui aura ce geste final ? La question n’a pas été écartée que cela puisse être à domicile. A chaque étape, beaucoup de questions se posent. »

C’est pourquoi Anne Bergantz ne se positionne pas pour le moment concernant son vote. Une question la hante :

Soins palliatifs : un milliard d’euros d’investisse­ment

La députée regrette « qu’il n’y ait pas eu deux textes : un sur l’aide à mourir, et l’autre sur les soins palliatifs. Une présentati­on du plan décennal sur les soins palliatifs est prévue pour avril 2024, avec un budget passant de 1,6 milliard à 2,6 milliards. »

Il existe une offre palliative inégale sur le territoire, avec des disparités de lits identifiés de soins palliatifs (LISP), mais aussi des unités de soins palliatifs (USP), dont l’activité est exclusivem­ent dévolue à la médecine palliative et la prise en charge de la douleur. La dernière des Yvelines, à Houdan, a fermé, notamment par manque de soignants. Dans les territoire­s sans USP, l’offre en accompagne­ment palliatif existe par l’intermédia­ire des LISP.

Besoin d’équipes mobiles

Anne Bergantz souligne un besoin d’équipes mobiles. Elles pourraient épauler les équipes soignantes qui font appel à elles pour prendre en charge des personnes malades en soins palliatifs ou en situation de fin de vie. « Nous avons une population vieillissa­nte, avec une explosion des pathologie­s chroniques, mais une envie de rester chez soi le plus longtemps possible. 53% des décès s’effectuent à l’hôpital, mais les 47% restant sont à domicile ou en EHPAD. Les équipes mobiles sont à développer et comme toujours en passer par des organisati­ons territoria­lisées. »

Reste à trouver des moyens et des profession­nels pour ces équipes. La députée évoque un modèle innovant en citant l’associatio­n Visitatio - Voisins & Soins. Elle accompagne à domicile les personnes gravement malades ou en fin de vie, grâce à une équipe de bénévoles formés, de soignants. « Cela peut répondre à une attente de fin de vie à domicile. »

La première lecture de cette future loi devrait avoir lieu à l’Assemblée nationale le 27 mai 2024.

Député (Renaissanc­e) de la 1re circonscri­ption des Yvelines (Versailles, Guyancourt, Montigny-le-Bretonneux), Charles Rodwell a annoncé dans un communiqué qu’il ne voterait pas cette loi.

A l’échelle de sa circonscri­ption, le député a organisé une consultati­on des différents acteurs de la fin de vie : malades, soignants, associatio­ns, personnes en fin de vie, ont été interrogés. Pour le député versaillai­s, l’applicatio­n des lois de 1999, de 2005 (Leonetti) et de 2016 (Claeys-Leonetti), « doit constituer notre priorité absolue, pour réparer l’injustice dont souffrent les habitants de plus de vingt départemen­ts français qui ne disposent pas encore d’unités de soins palliatifs ».

La fermeture de l’unité de soins palliatifs de la résidence

❝ Est-ce que les soins palliatifs sont suffisants ? Que faisons-nous pour les personnes qui souffrent énormément et qui demandent de l’aide à mourir ? Il faut entendre la singularit­é de chacun. C’est pour cela qu’il faut avoir des auditions larges ANNE BERGANTZ, DÉPUTÉE DE LA 2E CIRCONSCRI­PTION DES YVELINES.

Claire-Demeure et son transfert à l’hôpital de la Porte Verte à Versailles illustre ce propos.

S’il loue l’organisati­on de la convention citoyenne sur la fin de vie, Charles Rodwell aurait souhaité que les François soient interrogés sur le sujet par voie de référendum. « Je considère que la fin de vie fait partie des questions intimes et fondamenta­les, qui dépassent le strict cadre de nos débats parlementa­ires », expliquet-il.

Assumant ses « conviction­s », dont celle qu’il ne « semble pas opportun de légiférer pour légaliser l’aide active à mourir », Charles Rodwell « en conscience », par son vote, s’opposera « à l’évolution de notre législatio­n sur l’aide active à mourir ».

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