Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Go-fast entre l’Espagne et les Yvelines : les 48 kg de cannabis étaient dans le coffre de la Clio
Une puissante Mercedes CLA à 60 000 euros devant. Une Clio derrière. Et dans le coffre de la petite citadine : 38 kg de résine de cannabis et 10 kg d’herbe. La Brigade de répression du banditisme (BRB) de Versailles a interpellé trois hommes, originaires de Poissy (Yvelines) et des Mureaux, engagés dans un gofast entre l’Espagne et la France.
Mercredi 13 mars, soit quatre jours après leur interpellation, la bande a été présentée au tribunal de Versailles. Âgés de 19, 24 et 33 ans, ils ont tous demandé un délai pour préparer leur défense dans une affaire qui semble être une commande pour alimenter le secteur de Poissy.
La Clio force le péage de Saint-Arnoult
Tout a commencé le 7 décembre 2023. Les douanes des Pyrénées-Atlantiques contrôlent une Mercedes immatriculée en Suisse. Rien à signaler pour les deux hommes à bord. Une Clio se présente, avec deux individus également. L’un prend la fuite. Mais comme il n’y a rien de suspect dans la voiture, elle est autorisée à repartir. Les douaniers remontent l’information à la police judiciaire, les trois restants étant originaires des
Yvelines.
Les enquêteurs, soupçonnant un repérage de trajet, s’intéressent à la Mercedes qui est équipée par la marque d’un dispositif GPS en cas de vol. Plusieurs trajets vers l’Espagne, au moins trois si ce n’est huit, sont notés durant plusieurs semaines. Et une autre Clio, louée à Vaucresson, est de la partie. Le loueur a d’ailleurs déposé plainte, car il n’a pas été payé.
Les documents qu’on lui a remis sont faux.
Début février, la Mercedes est contrôlée par les gendarmes à la barrière de péage de SaintArnoult-en-Yvelines. La Clio parvient à forcer le barrage en collant un autre usager sur une ligne de télépéage. Les deux voitures regagnent Poissy et repartent le soir même vers le sud, passant la frontière espagnole de Biriatou.
Nouveau contrôle sur le chemin du retour… Et toujours les trois mêmes individus à bord. Pour la PJ, tout cela sent le gofast. D’autant que la téléphonie montre une présence sur la Costa Del Sol, une porte d’entrée du cannabis en Europe.
Jeudi 7 mars 2024. La Mercedes et la Clio prennent une nouvelle fois la route de l’Espagne en empruntant l’A10 par Allainville puis l’A63. Elles passent la frontière à minuit.
Trois jours plus tard, à 3 h 45, le convoi passe sans encombre le péage de Biriatou. Le trio ignore que leur remontée vers Poissy est scrutée par les forces de l’ordre. La BRB de Versailles s’est assuré de la participation des BRI nationales épaulées par les antennes de Bayonne, Orléans et un hélicoptère de la gendarmerie.
Dimanche, à 10 h 08, la Mercedes passe le péage d’Allainville puis se stationne. Neuf minutes plus tard, la Clio arrive à 180 km/h. Elle s’arrête pour payer. La police l’immobilise, brise la vitre et coupe la ceinture de sécurité. Le conducteur, âgé de 24 ans, est extirpé et arrêté.
A 190 km/h sur la nationale 10
Dans la Mercedes, le duo prend la fuite. Le conducteur rejoint la nationale 10 sur laquelle il file à plus de 190 km/h. Il est d’abord freiné par la circulation à Coignières malgré les nombreux appels de phares qu’il fait. Puis il se retrouve bloqué à 10 h 40, à la hauteur de Trappes. Trois mille euros en espèces sont saisis.
Face aux enquêteurs, les trois ont préféré se murer dans le silence. Ils ont également refusé de déverrouiller leur téléphone.
Devant les juges, ils n’ont pas souhaité s’exprimer plus en avant sur les faits. Un seul a voulu apporter une précision en attendant le renvoi
❝ « Je n’ai pas fait autant de voyages comme on le dit. On me fait passer pour une grosse tête, comme la relève de je ne sais pas qui… C’est faux. » UN DES PRÉVENUS.
Le «je ne sais pas qui» serait, selon les enquêteurs, une des figures du trafic français. Parallèlement, la BRB estime que les huit voyages pourraient représenter plus d’un million d’euros de marchandise.
En attendant le procès prévu le mardi 9 avril 2024, le tribunal a ordonné un placement en détention provisoire pour chacun des trois. Tous, à divers degrés, sont connus de la justice pour des vols, des violences ou du stupéfiant.
Sollicités, les avocats des prévenus, n’ont pas souhaité s’exprimer sur l’affaire. « Tout sera exposé et débattu lors du procès », a commenté maître Hector Lajouanie.