Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le Syndrome de l’oiseau au Théâtre Montansier de Versailles

- • Florie CEDOLIN Le Syndrome de l’oiseau,

Folie faussement ordinaire

« Le spectateur devient addict »

« Eve est venue petit à petit »

Le Syndrome de l’oiseau, c’est l’histoire de Natascha Kampusch, cette jeune fille enlevée à l’âge de 10 ans par Wolfgang Přiklopil, le 2 mars 1998. Ce n’est que le 23 août 2006, qu’elle réussira à s’échapper. De ce fait divers sordide, Pierre Tre-Hardy en a fait une pièce, Le Syndrome de l’oiseau, présentée au Théâtre Montansier de Versailles du 3 au 6 avril.

Dans Le Syndrome de l’oiseau, l’on pourrait se croire dans le quotidien presque banal d’un couple avec enfant. Un couple qui a des préoccupat­ions matérielle­s, des espérances.

Mais l’auteur guide en fait les spectateur­s au coeur d’une folie faussement ordinaire avec une différence essentiell­e : l’absence de liberté de la jeune femme.

Dans les rôles principaux, deux acteurs de talents : Patrick d’Assumçao et Sara Giraudeau.

L’actrice française a d’ailleurs reçu le Molière 2023 de la comédienne dans un spectacle du Théâtre Public.

Une pièce qui, au départ, ne l’attirait pas. « Il faut le dire, le sujet est glauque,

reconnait Sara Giraudeau. Au départ, je n’avais même pas envie de lire la pièce; je ne suis pas du tout attirée par l’horreur. Mais le titre m’inspirait beaucoup. Alors je l’ai lue. Et je ne l’ai pas lâchée! Il y a toute une dramaturgi­e très bien faite. Le spectateur devient addict, il a envie de continuer, de savoir comment cela se termine. C’est ce qui m’a plu. Ce personnage d’Eve est aussi empreint d’une certaine folie, mais en même temps, c’est une maman. Il y a un mélange d’émotions qui emporte le sujet plus loin. Tout d’un coup, on voit de la poésie, de l’espoir, de l’humain. »

Sara Giraudeau assure aussi la mise en scène, aux côtés de Renaud Meyer. Une première pour la comédienne.

« Le rôle d’Eve est tellement difficile, mais il représente en lui-même la pièce,

confie l’actrice. Franck, c’est la dure réalité, la folie très lunatique de ces gens qui évoluent dans une vie normale, mais sont en fait très dérangés. Elle, elle ne sait qu’être enfermée dans une pièce. Même si j’avais vu des reportages, il y avait tout à inventer dans cet enfermemen­t. Son cerveau va se défendre en fuyant par l’art, l’imaginaire. Ce sont des espaces où Eve va se sauver. Cela me paraissait logique de faire la mise en scène. Mais pas toute seule. »

Et finalement, la mise en scène a permis à Sara Giraudeau, petit à petit, de travailler le rôle d’Eve. « Faire la mise en scène m’a un peu déconcentr­ée du rôle d’Eve. Je pensais plus à la mise en scène, d’autant que c’était ma première, j’avais envie que l’univers soit assez fort. Eve est venue petit à petit, de manière presque sournoise. C’est presque mon corps lui-même qui a pris la posture; je n’ai jamais cherché la compositio­n. Ça fonctionne souvent comme ça! C’est l’avantage du théâtre, les répétition­s offrent du temps. »

■ mercredi 3, jeudi 4, vendredi 5 et samedi 6 avril à 20 h 30 au Théâtre Montansier de Versailles. Tarifs : 15 à 39 €. Rens. : www.theatremon­tansier.com

Newspapers in French

Newspapers from France