Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Débat houleux en conseil municipal, une main courante et une plainte déposées contre le maire
Débat houleux, attaques personnelles, menaces, le conseil municipal de Maisons-Laffitte du 4 avril 2024 a été mouvementé. L’opposition va déposer une main courante et une plainte contre le maire Jacques Myard.
Alors qu’il ne devait être qu’une répétition du rapport d’orientation budgétaire du 4 mars 2024, le vote du budget primitif de Maisons-Laffitte (Yvelines), soumis aux élus ce jeudi 4 avril, a finalement été plus que mouvementé.
Débat houleux pour ne pas dire inaudible par moment, invectives verbales, menace de quitter l’assemblée, menaces verbales et physiques… L’opposition a indiqué déposer une main courante ainsi qu’une plainte pour diffamation.
Un budget remis en cause par l’opposition
Après la présentation du budget par l’adjoint aux Finances, le ton est monté lorsque l’opposition a pris la parole (pas tous, il y a quatre groupes différents, N.D.L.R.). Du côté de certains, on a pointé du doigt, tout au long du conseil municipal, « la concrétisation de l’augmentation des impôts », « l’hippodrome qui ne devait pas coûter un centime aux Mansonniens alors qu’il y a 756000 € en fonctionnement » ou encore
«l’argent qui dort dans les caisses de la Ville ».
Autres griefs exprimés :
« un mépris social par l’augmentation des tarifs municipaux », « pas un mot sur la santé sur 27 pages de budget », mais aussi « des affaires judiciaires et frais d’avocat non remboursés ».
Attaques personnelles
Les réponses ont ensuite été formulées par les élus de la majorité, mais ce n’était plus le coeur du débat. Ce qui n’est pas passé pour l’opposition, ce sont les multiples remarques personnelles de la part de la majorité sur leur fonction, leur lieu de résidence, des affaires judiciaires passées, des invectives personnelles sur les compétences de chacun.
Conseillère municipale d’opposition du groupe Mansonniens, je m’engage pour vous !, Amélie Therond Keraudren s’est levée pour avoir la réponse à sa question sur les places de parking en sous-sol dans le projet Malesherbes. «Je ne vois pas l’intérêt de ne pas répondre », a-t-elle lancé.
« Vous êtes une mauvaise avocate »
« Vous êtes une mauvaise avocate », a répondu, cassant, le maire Jacques Myard, en référence à l’activité professionnelle de l’élue.
« Pourquoi parlez-vous de mon domicile personnel, de ma profession? C’est honteux », a-t-elle rétorqué. « Les élus vous ont répondu. Ne coupez pas la parole. Vous ne respectez rien », a répliqué le maire.
« C’est honteux vos insinuations »
Les élus d’opposition ont plusieurs fois interrompu la majorité pendant leurs interventions. Extraits : « Vous mentez. » ; « Votre gestion est opaque. » ; « C’est honteux vos insinuations. Ce sont des contre-vérités. »; « Rendez l’argent. » ; « Soyez aimable. »
Charles Givadinovitch, du groupe Tous pour Maisons-Laffitte, s’est montré particulièrement virulent. Chacun essayant de parler plus fort que l’autre. Il faut aussi dire que Jacques Myard, pouvant couper le micro à sa guise à tout moment, n’a pas fait avancer le débat…
D’ordinaire calmes lors des joutes verbales entre le maire et l’opposition, certains élus de la majorité sont également intervenus, sans qu’on sache vraiment qui parlait. « C’est insupportable », a-t-on pu entendre. « Vous êtes dans la provocation permanente», a-t-il été aussi souligné.
« Ici c’est la dictature, vous le savez bien »
L’affaire a pris une autre tournure suite à des déclarations du maire. « Vous demandez la parole, je verrai si je vous la donne. Ici c’est la dictature, vous le savez bien », a commencé à ironiser le maire. « Vous êtes une girouette. Prenez un peu de bromure. »
Les propos se sont faits alors plus menaçants. « On le fait taire ou on le balance par la fenêtre. » ; « On va s’expliquer entre 4 yeux. »
Le maire de Maisons-Laffitte est même allé jusqu’à dire à une élue d’opposition porteuse d’un handicap verbal : « Commencez à prendre des cours de diction. »
Main courante…
Ce 5 avril 2024, le groupe Tous pour Maisons-Laffitte a annoncé déposer une main courante. « On ne voulait pas que la Ville dépense des frais de justice pour défendre le maire, explique Charles Givadinovitch. On ne tolère plus ces menaces verbales ou physiques, sur le handicap des uns, sur le lieu de résidence des autres. Il est temps que le maire, qui est là depuis 35 ans, parte. “
… et plainte
De son côté, Amélie Therond Keraudren a fait part de son intention de porter plainte pour diffamation. ” La rédaction est en cours. Je déplore de devoir faire ça. Je n’ai pas d’autres choix que de porter plainte pour arrêter Jacques Myard. Il porte des jugements sur mon métier, ce n’est pas la première fois et ça n’a rien à voir avec notre qualité d’élu. C’est choquant d’amener des sujets personnels ou professionnels. Il veut jeter le discrédit sur ma personne, ce n’est pas acceptable. »
Contacté, Jacques Myard a répondu brièvement : « Ils délirent. Je suis serein. »