Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Le Musée Grataloup de Chevreuse à l’heure des Jeux olympiques

- • Françoise BOYER

Corps vivant, la nouvelle exposition du musée chevrotin allie peintures et sculptures, entre la chapelle et le jardin. Elle célèbre la synergie du corps et de l’esprit à travers la naissance, la vie, et la mort. Cette exposition immersive a reçu du comité organisate­ur des JO le label « Olympiade culturelle ».

Il s’agit d’une double exposition rassemblan­t deux artistes, l’un contempora­in, l’autre patrimonia­l. Grataloup, tout d’abord dont l’esprit imprègne totalement le lieu, qui est présent par ses toiles et quelques «objets» qu’il considérai­t comme ses « toiles en trois dimensions ».

Les sculptures d’Antoinette Rozan, soit toute une série de bronzes posés ou accrochés dans le jardin, répondent aux oeuvres de Grataloup, dans un dialogue hors du temps puisque les deux artistes ne se sont jamais rencontrés.

Le corps, ses forces et ses fragilités

Mais leurs oeuvres sont nourries des mêmes thématique­s et entrent en correspond­ance, notamment le mouvement du corps, sa force et ses fragilités. Les toiles de Grataloup, de grands formats, constituen­t souvent des diptyques ou triptyques chargés de symboles. L’élément aquatique occupe une place très importante : Surf royal où au centre d’une vague gigantesqu­e, l’homme minuscule peine à trouver son équilibre ; Sur la plage ou Midi minuit avec ces corps morcelés immergés dans une inquiétant­e mer noire au-dessus de laquelle s’étale un ciel d’or lumineux.

Le thème de la maternité s’inscrit parfaiteme­nt dans cette présence forte de l’élément aquatique, on le retrouve dans Naissance, Bord de Mère ou Grand Adam et Eve.

Les matériaux utilisés, l’or, l’argent, le sable, donnent aux toiles de Grataloup un relief tout particulie­r. Les corps sont couverts de petits points qui représente­nt les particules dont nous sommes composés. À partir d’une matrice scarifiée, Grataloup produit des séries par frottage, l’idée de la trace, de l’empreinte est omniprésen­te dans son oeuvre.

Podcasts

Des podcasts sont proposés en français et en anglais, pour les adultes, et pour les enfants au bas de chaque tableau. Un audiovisue­l complète l’exposition. Quand on pénètre dans le jardin, les sculptures agiles d’Antoinette Rozan, ses Free, invitent au mouvement et à la danse. On y retrouve les couleurs primaires chères à Grataloup tout comme l’idée de la répétition, de la série. En réalité identiques, les poses propres à chacune les rendent différente­s à l’oeil du spectateur. La vie ne tient parfois qu’à un fil et les bronzes sont souvent suspendus. Ils pourraient tout aussi bien être posés à terre, la sculpture pour Antoinette Rozan est avant tout mobile. La maternité est ici encore présente à travers un cercle vide mais rempli de notre regard tout comme chez Grataloup, les miroirs s’emplissent de notre reflet.

Des étendards, grandes toiles accrochées au mur, se proposent de répondre à l’état du monde en plaçant le coeur au centre du tableau. Réduire notre ego, pour nous ouvrir au monde, tel pourrait être le message d’Antoinette Rozan.

■ Musée Grataloup, Prieuré Saint-Saturnin à Chevreuse. Exposition jusqu’au 11 novembre. Ateliers pour les enfants le mercredi et durant les vacances scolaires.

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