Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
INUTIL-I-TERRE, la nouvelle exposition de La Chapelle
Plusieurs artistes et un éventail de techniques variées permettent dans cette exposition d’embrasser différents aspects de la création contemporaine dans le domaine de la céramique. Un point commun : le détournement d’objets.
L’exposition INUTIL-I-TERRE propose des créations de céramiques contemporaines sur le thème de la table ou plus largement des objets utilitaires. Cécile Dachary et Isa Bordat, qui sont à l’initiative de cette proposition artistique, retracent ainsi leur parcours depuis 2005.
Un équilibre fragile
Elles travaillent la terre de manière différente, chacune possède son propre atelier, Isa travaille le modelage et Cécile fabrique des pièces émaillées et tournées, notamment des bols. Mais elles construisent ensemble différentes séries d’assemblage dont l’équilibre est l’élément majeur.
« Des pièces utilitaires à l’origine et devenues par l’assemblage des objets sculpturaux. » Elles fabriquent ellesmêmes leurs émaux et utilisent la terre, différents grès, parfois blancs comme l’opaline ou la porcelaine. L’équilibre fragile des pièces suppose une grande complicité artistique dans la réalisation qui se fait pas à pas.
Trois scénographies
L’exposition se compose en plusieurs scénographies. Le visiteur peut observer « le service après-vente » qui présente des assemblages de pièces en équilibre réel sans collage. Puis vient « le magasin » avec des formes dont l’équilibre a été trouvé à cru et figé par collage. Enfin, « la clameur » qui met en avant des assemblages de pièces dont l’équilibre a été trouvé à cru et figé par la cuisson. Certaines oeuvres sont sonorisées grâce à des enregistrements réalisés à partir des pièces par une sonorisatrice. Leur travail a été exposé plusieurs fois depuis la création.
Michèle Nadal travaille, elle, la céramique et la cire. Elle utilise la technique du raku. Ses réalisations ont pour thème le repas et la table avec des poissons très étranges, aux formes parfois inquiétantes, sont-ils morts ou vivants ? Les couverts eux-mêmes se tordent comme des mains. Quels seront les convives ? Dans le jardin, un « repas champêtre » avec quelques fruits, une nappe cirée et des déchets éparpillés.
Romain Buffile, dans son atelier de faïence aixois, un héritage familial, propose en collaboration avec l’illustrateur Samir Guessab, un assemblage mural d’assiettes et de plats qui dessinent un visage. La pièce a été créée à Aix dans le pavillon de Vendôme qui appartint jadis au duc de Vendôme. Celui-ci pratiquait le commerce avec les Antilles. Le motif représente le baron Samedi de la culture vaudou très ancrée aux Antilles, gardien de la frontière entre les morts et les vivants. On distingue à différents endroits une grande accumulation d’objets magiques.
« La frontière entre art et artisanat n’existe pas »
Baudoin et Marion Lebon avaient aussi envie de montrer au public certaines oeuvres plus anciennes et parfois très rares. L’éclectisme est le maître mot de la démarche du propriétaire de La Chapelle. Outre les artistes cités plut haut, on trouve donc des oeuvres de Michel Lanos, des créations de Chu Teh-Chun et de Zao-Wou-Ki plus connu comme peintre, le surtout de table d’Anne et Patrick Poirier.
Et enfin un encrier de Dubuffet, oeuvre exceptionnelle notamment par sa rareté, car il s’agit de la seule céramique qu’il ait réalisée. Pour Baudoin Lebon, « la frontière entre art et artisanat n’existe pas. » Il fait un parallèle avec la photographie qui n’était pas considérée il y a cinquante ans comme une oeuvre d’art alors qu’aujourd’hui notre regard sur elle a considérablement évolué.
■ Jusqu’au 2 septembre. Ouvert les samedis, dimanches, et jours fériés de 14h à 18h. La Chapelle de Clairefontaine, 12, impasse de l’Abbaye - 78120 Clairefontaine en Yvelines. Tél. : 01 34 94 39 87 ou info@lachapelledeclairefontaine.fr