Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)
Des Yvelines à New York : un Franco-Américain en campagne pour être élu au Congrès américain
Bruno Grandsard, qui a grandi près de Feucherolles, est candidat à la primaire démocrate dans l’État de New York. Il brigue un siège à la Chambre des représentants.
Après son enfance dans les Yvelines, proche de Feucherolles, Bruno Grandsard s’est envolé vers les États-Unis. Le Franco-Américain a décidé de se lancer dans la politique après avoir été interpellé par le système électoral en vigueur dans son pays d’adoption.
Son objectif désormais : entrer au Congrès. Le 25 juin 2024, il devra remporter la primaire démocrate pour pouvoir briguer, au mois de novembre, le fauteuil du 10e district de l’État de New York. Entretien.
➜ Quel souvenir gardezvous de votre enfance dans les Yvelines ?
Bruno Grandsard : «Je suis né à Neuilly-sur-Seine (Hautsde-Seine), mais j’ai été élevé dans les Yvelines, dans un petit village à côté de Feucherolles. Quand j’y habitais, il y avait à peine 200 habitants. J’ai grandi dans une ancienne ferme du XVIIIe siècle, convertie en maison. J’en garde un très bon souvenir. J’adore la nature, donc c’était merveilleux. En revanche, c’était très franco-français. Mon père est Français et ma mère est Américaine. Je me rappelle que les gens n’étaient pas toujours très tolérants à l’époque. »
➜ À quel moment décidezvous de quitter la France ?
«Je suis resté dans les Yvelines jusqu’à l’âge de 17 ans. Ensuite, mes parents se sont séparés et j’ai emménagé à Paris. J’ai fait ma terminale dans un lycée parisien. À 18 ans, j’ai eu une opportunité d’aller étudier aux États-Unis. J’ai sauté sur l’occasion. J’ai fait mon master en relations internationales. Je me suis installé aux États-Unis pendant quinze ans, avant de retourner vivre en France quelques années pour me rapprocher de ma famille. Aujourd’hui, je suis définitivement installé à Brooklyn. »
➜ Vous aviez déjà en tête de faire de la politique ?
« Je voulais devenir diplomate à la base, mais j’ai vite compris que ce n’était pas la meilleure option pour moi. À cette époque, on est en septembre 2016 et, quelques mois plus tard, Donald Trump est élu. Je me suis donc tout de suite posé la question suivante : “En tant que citoyen, qu’est-ce que je peux faire pour ne pas que cela se reproduise?” En 2019, j’ai commencé à m’impliquer pour Joe Biden. Pour moi, c’était le seul candidat qui pouvait battre Donald Trump. J’ai fait du porteà-porte bénévolement pendant un an. »
➜ Et vous avez décidé de vous lancer à votre tour…
« Les élections primaires démocrates ont lieu tous les deux ans. Et tous les deux ans, la situation s’empire. En réalité, j’ai compris qu’il y avait un problème dans le système des primaires. Le rôle de l’argent est devenu effrayant. Ce sont les groupes les plus motivés et les mieux financés qui gagnent. Dans 85-90 % des circonscriptions, c’est toujours le même parti qui gagne les élections et cela explique pourquoi les gens ne votent pas. L’actuel représentant du 10e district de l’État de New York [Dan Goldman] a dépensé 7 millions de dollars pour sa campagne. Les autres ont dépensé autour des 500000 $. Par ailleurs, en m’intéressant à tout cela, j’ai découvert que personne ne s’opposait à lui. »
➜ Vous êtes donc le candidat du changement !
« C’est ça. Je suis le candidat du changement. Historiquement, quand il y a déjà un élu aux primaires, on est soit extrêmement à gauche, soit extrêmement à droite. Moi, je ne suis ni l’un ni l’autre. Je vais essayer de faire des choses qui sont rationnelles et réfléchies. »
➜ Ç’a été difficile de se lancer dans la politique, d’obtenir des signatures, d’avoir de la crédibilité ? Surtout en étant Franco-Américain ?
«Au début, je n’ai pas ressenti un intérêt énorme. Mais j’ai fait les choses différemment. Premièrement, je n’ai dépensé que très peu d’argent et, par la suite, j’ai fait beaucoup de porteà-porte. J’ai dû faire 400 km de rues. Il y avait un certain scepticisme. Mais pas parce que j’étais Franco-Américain, mais simplement parce que j’étais nouveau. Et finalement, j’ai réussi à convaincre les habitants, j’ai obtenu mes 2 500 signatures, ce qui est le double de ce qui est attendu, et elles ont été validées il y a quelques jours. »
➜ Quels sont les trois éléments marquants de votre programme ?
« Le premier, comme je l’ai dit précédemment, c’est la réforme électorale. C’est la raison pour laquelle je suis candidat et c’est ce qui me motive le matin. Le deuxième point important, c’est l’environnement. J’ai des startup dans le climat, cela fait vingt ans que je travaille dans ce secteur. Ce qui m’a surpris, c’est qu’il y a un intérêt général pour ce sujet. Enfin, il y a l’économie. L’un des sujets les plus urgents à ce niveau-là, c’est la retraite. Le fonds de retraite, financé par les impôts, se réduit de plus en plus aux États-Unis. Dans moins de dix ans, on sera en déficit. Il faut faire quelque chose. »
➜ Si vous êtes élu, quelle serait votre première mesure ?
« Je proposerai une loi qui interdit aux membres du Congrès de faire du trading. Je trouve ça absurde. C’est symbolique, mais cela infecte la vision des gens. Mais il faut être honnête, je suis l’outsider dans cette élection. Ce n’est pas impossible que je gagne, mais je n’ai que 10 % de chances que ça arrive. »
➜ Que faites-vous quand vous n’êtes pas en campagne ?
«Je travaille pour mes startup la plupart du temps. Je fais du vélo, j’ai beaucoup couru. J’ai fait plusieurs fois la course Paris-Versailles et le marathon de Paris. Quand j’étais en France, je me baladais souvent dans la vallée de Chevreuse. Maintenant, je vais plutôt à Central Park. »
Il fait campagne pour Joe Biden
Il veut être « le candidat du changement »
Ses marqueurs : « Réforme électorale, environnement et économie »