Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Monkey Man

- • Pierre LIMAT

Drôle de destin que celui de Monkey Man. Première réalisatio­n de l’acteur Dev Patel, découvert dans la série Skins et vu notamment dans Slumdog Millionair­e,

le long métrage était destiné à Netflix. Qui n’en a finalement plus voulu alors qu’il était déjà tourné.

Pour le plus grand bonheur des amateurs de salles obscures, puisque le résultat a tapé dans l’oeil de Jordan Peele qui, en tant que réalisateu­r (Get Out, Us, Nope) ou producteur (Candyman), s’est spécialisé dans les films de genre engagés. Comme celui-ci, inspiré de la mythologie indienne, du cinéma coréen et des exploits de Bruce Lee, plus que de la saga John Wick

à laquelle beaucoup vont tenter de le rapprocher, pour raconter la vengeance d’un anonyme face aux puissants, aussi corrompus que peu à cheval sur les valeurs morales.

Dire qu’il y a dans la colère dans ce Monkey Man

serait presqu’un euphémisme. Aussi bien dans les scènes de combat, souvent brutes et parfois virtuoses, que dans le fond, qui résonnera dans beaucoup de pays du monde, et pas seulement l’Inde.

Et c’est là l’une des grandes forces du long métrage. Qui n’est pas un déluge d’action et prend son temps avant de faire pleuvoir les coups, quitte à ce qu’il y ait un ventre mou dans le récit, avant un final qui récompense notre attente.

Cela sert la constructi­on et la quête du personnage principal, que le néo-cinéaste incarne lui-même, puisqu’il nous aide à prendre fait et cause pour ce qu’il défend, avant que nous puissions avoir mal pour lui.

Et ses adversaire­s, dans des séquences qui ne tombent pas dans la chorégraph­ie trop poussée, mais ne manquent pas de qualités cinématogr­aphiques. Assez pour qu’on pardonne à Dev Patel quelques expériment­ations parfois étranges.

Car elles vont avec sa volonté de casser les codes en même temps que quelques os, et de tout donner pour ce projet qu’il porte depuis une décennie et qui ressemble à une anomalie dans le paysage hollywoodi­en actuel. Raison de plus pour se réjouir de pouvoir voir un tel film, dont la sincérité et l’envie compensent allègremen­t les imperfecti­ons.

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