Le Courrier des Yvelines (Saint-Germain-en-Laye)

Les restes d’un avion américain abattu pendant la guerre retrouvés dans un bois

Dans une forêt du secteur de Maule, un passionné d’histoire locale a retrouvé les restes d’un avion de combat américain, tombé pendant en 1944 pendant la guerre. Il est parvenu à identifier l’appareil et à retracer les circonstan­ces du crash.

- YVELINES • R.V.

Voilà près de 80 ans qu’ils dormaient dans un coin de forêt marécageux du plateau des Alluets-le-Roi. Bruno Renoult, spécialist­e local de la Seconde Guerre mondiale, a exhumé récemment les restes d’un avion américain de la Seconde Guerre mondiale, abattu par un chasseur allemand peu de temps avant la Libération. Grâce à un minutieux travail de recherches, l’appareil a pu être identifié, l’histoire du crash et de son pilote retracée.

Aller jusqu’au lieu où repose « l’épave » se mérite. Après quinze bonnes minutes d’une marche éprouvante à longer des champs, traverser de hautes herbes, s’engouffrer dans un bois en jachère, affronter les ronces et une épaisse boue, nous y voilà. C’est là que le 16 août 1944, un Mustang P51 de l’US Air Force s’est écrasé après un combat aérien avec des pilotes de la Luftwaffe, l’aviation allemande.

Ce n’est pas comme dans les films. Pas de carlingue rouillée colonisée par la végétation, mais plutôt des bouts de ferraille tordus, pour certains supportant encore des traces de peinture rouge, éparpillés sur une zone assez vaste. « Ce sont des artefacts. Il y a des fragments de moteur, de soupapes, des ailerons », précise Bruno Renoult. En tout cas, impossible pour un non initié d’affirmer au premier coup d’oeil qu’il s’agit des restes d’un avion.

Des fouilles archéologi­ques envisagées

Une partie de l’appareil se trouve sans doute sous terre, ensevelie au fil du temps et des mouvements de terrain.

C’est pourquoi la Direction régionale des affaires culturelle­s (Drac), alertée par Bruno Renoult, pourrait mener prochainem­ent des fouilles archéologi­ques. « Je n’ai pas creusé, je n’en ai pas le droit», indique l’intéressé.

À partir de ces maigres vestiges, il a tout de même mené son enquête. Ainsi, le numéro de série apparaissa­nt sur plusieurs pièces lui a permis d’identifier la marque et le modèle de ce chasseur monomoteur.

Par l’intermédia­ire d’un contact aux États-Unis, un certain Pete Revell, ce fin connaisseu­r de la Seconde Guerre, auteur de plusieurs livres sur le sujet, a eu accès au rapport de mission rédigé par le pilote du P51, qui s’en est sorti miraculeus­ement indemne. Le lieutenant Thomas Whelan est aujourd’hui décédé.

«Il faisait partie du 356e fighter squadron (escadron de combat N.D.L.R), mobilisé dans la région pour stopper la contre-offensive allemande après le débarqueme­nt allié en Normandie, resitue ce passionné. L’avion a été touché pendant un combat aérien. Au lieu de s’écraser, il a glissé sur le sol et a été déchiqueté par les arbres. Le pilote a été

Éparpillés au milieu de la broussaill­e

❝ « Le pilote a été éjecté de son cockpit avant l’explosion. » BRUNO RENOULT Spécialist­e de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale

éjecté de son cockpit avant l’explosion. C’est incroyable, mais cela arrive. » Il y a eu trois pertes américaine­s ce jour-là dans le secteur.

Mis à l’abri dans une ferme voisine

Thomas Whelan, bien blessé, raconte dans son rapport avoir ensuite rampé jusqu’à une ferme voisine, où il a été soigné et hébergé. Récupéré une semaine plus tard par des GI’s, il est retourné au combat et a survécu à la guerre.

Bruno Renoult a pu discuter avec son petit-fils. Ce dernier raconte que lors d’un séjour en France dans les années 50, son grand-père avait cherché le lieu du crash sans réussir à le localiser.

Un témoin de l’époque, aujourd’hui très âgé, est venu consolider cette version. « J’ai rencontré un Monsieur de 96 ans. Il habitait là à l’époque et avait assisté à la scène. D’ailleurs, dans le village, beaucoup savaient que des bouts de ferraille trainaient dans ce bois. C’est comme ça que j’ai retrouvé les débris», se félicite notre interlocut­eur.

Rien que dans le Vexin, une cinquantai­ne d’avions américains se sont écrasés durant cette période. Il collabore actuelleme­nt avec la Drac pour réaliser une cartograph­ie précise de ces événements.

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