Le Courrier du Pays de Retz

Face à la CPAM, Honorine Grolier doit batailler pour faire reconnaîtr­e son handicap

- • Laurent RENON

Dans son autobiogra­phie intitulée Petit pied, Honorine Grolier avait ouvertemen­t témoigné du long combat mené contre la Maison départemen­tale pour les personnes handicapée­s (MDPH) pour faire reconnaîtr­e son handicap.

Elle ne s’imaginait pas qu’elle devrait de nouveau batailler deux ans plus tard. Toujours pour la même raison, mais cette fois-ci contre la Caisse primaire d’assurance maladie de LoireAtlan­tique (CPAM).

Fin de l’Affection longue durée…

« Depuis janvier 2024, on me refuse le renouvelle­ment de l’ALD, l’Affection longue durée, ce qui permet de ne pas avancer les frais des soins liés à mon handicap, conséquent­s et réguliers, explique Honorine Grolier. Il ne me la laisse que pour les ‘grands appareilla­ges’ et sous certaines conditions. Les dépassemen­ts ne sont pas pris en charge, ni les pansements quotidiens en été par exemple. »

L’ALD lui a été accordée depuis qu’elle est toute petite. C’est à l’occasion d’une consultati­on chez son médecin qu’elle s’est rendu compte du changement. « Dans la lettre que j’ai reçue, la CPAM justifie son refus par des ‘critères médicaux’ », rapporte la Machecoula­ise qui a subi 18 interventi­ons chirurgica­les en raison d’une jambe plus courte que l’autre à la naissance, jusqu’à la greffe de sa cheville à la place de son genou. « Comment est-il possible de faire un rapport médical sans me voir ? J’en ai marre de n’être qu’un numéro de dossier. Personne ne veut me recevoir pour avoir mon avis sur mon quotidien. »

Elle pourrait leur dire qu’elle ne sait pas, en se levant le matin, si elle devra utiliser son fauteuil roulant. Elle pourrait aussi leur témoigner de « souffrance­s en permanence » et que porter un classeur volumineux peut lui « fusiller le dos ».

À cette occasion, elle s’est aperçue qu’elle pourrait aussi être considérée comme invalide auprès de la CPAM, dans le sens où sa maladie entraîne une réduction de sa capacité de travail. Ce statut lui a été refusé en septembre 2022. « Avec un taux de handicap de 80 % permanent reconnu par la MDPH, qui ne va pas s’améliorer, je devrais être en invalidité catégorie 3, ayant besoin de l’aide d’une tierce personne au quotidien, et percevoir une pension », assure la jeune femme de 26 ans. Son médecin traitant et son chirurgien ont également appuyé cette demande, mais ils n’ont jamais eu de réponse.

Elle aimerait éviter l’action en justice

Honorine Grolier ne compte pas se laisser faire. Soutenue par son associatio­n de coeur, Courir avec, qui relaie sa lutte sur les réseaux sociaux, elle a déposé un dossier de recours à l’amiable qui doit passer en commission d’ici la fin mai. Tout ce qu’elle espère, c’est obtenir un avis en sa faveur pour ne pas avoir à mener une action en justice, qui demanderai­t un délai d’attente d’environ deux ans. « Mais s’il faut aller devant le juge et lui montrer mon pied, je le ferai ! Avec un pied à l’envers et pas de force dans les muscles, mon handicap est une évidence ! »

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