Le Courrier du Pays de Retz

L’hôpital de Saint-Nazaire réalise une grande première dans l’Ouest pour la cardiologi­e

- • Coralie DURAND (*) Le prénom a été modifié

Pour la première fois dans le Grand Ouest, un service cardiologi­e a posé des stents résorbable­s sur un patient souffrant de maladie artérielle. Et c’est à Saint-Nazaire.

Nicolas(*) a 45 ans et n’avait certaineme­nt pas prévu dans sa vie de faire partie d’une grande première médicale dans l’Ouest. C’est pourtant bien le cas, ce mardi 23 avril 2024, lorsque le Docteur François Huchet, cardiologu­e à l’hôpital de Saint-Nazaire, lui pose, en 15 minutes dans une artère latérale, un stent résorbable. Et c’est une révolution, particuliè­rement pour les jeunes patients.

Une opération courante pour le service

Le stent, qu’est-ce que c’est ? Cela ressemble à un minuscule ressort métallique, avec une mission essentiell­e : celle «rouvrir un vaisseau ou une artère bouchée », explique le spécialist­e des coronaires.

Si l’opération est courante — elle représente plus de 1000 procédures par an à Saint-Nazaire! —, la sanction, elle, est « définitive » : le patient, quel que soit son âge, devra vivre avec ce bout de métal toute sa vie, accompagné de médicament nécessaire à la fluidifica­tion du sang. «Ce n’est pas sans risques, notamment d’infarctus ou de thrombose, note le Dr François Huchet. De plus, quand de nombreux stents sont déjà posés, on ne peut plus réparer l’artère ».

Résorbé en un an

L’innovation, c’est donc se faire poser des stents qui disparaiss­ent… ou presque. L’idée n’est pas d’hier, mais les premiers produits n’ont pas été concluants il y a dix ans. Les défauts ont été retravaill­és et voilà maintenant l’étai résorbable proposé par l’entreprise Biotronik. « Il se pose comme un stent classique, mais la structure en magnésium se résorbe naturellem­ent au contact de la paroi. Pendant trois mois, elle libère un médicament pour fluidifier le sang. Au bout d’un an, il ne reste plus que deux marques indiquant son emplacemen­t, mais l’étai, lui, est totalement résorbé ».

Résultat : le patient peut reprendre le cours de sa vie normale… en suivant une bonne hygiène de vie. « Cette procédure permet également une restaurati­on de la motricité du vaisseau, ce qui est un bon point pour l’activité physique ».

L’étai résorbable n’a pas vocation à remplacer tous les cas où le stent est nécessaire, « cela s’adressera plutôt aux jeunes patients. Mais cela pourra représente­r à terme 10 à 15 % de nos opérations ».

Bientôt un hôpital de jour pour la cardio

Ce mardi midi, voici donc le Dr Huchet prêt à étrenner cette nouvelle procédure sur Nicolas. « A 45 ans, ce patient souffre d’une maladie artérielle, révélée à la suite d’un AVC. Pour lui, le pontage n’est pas une option. Il doit donc absolument porter des stents ».

En 15 minutes, l’interventi­on est réalisée. Avec un peu de pression tout de même, car il s’agit d’une première dans tout le Grand Ouest. La performanc­e est d’ailleurs à saluer pour l’hôpital de Saint-Nazaire qui voyait il y a moins de dix ans son service de cardiologi­que réduit à peau de chagrin. Un partenaria­t avec le CHU de Nantes avait permis de remettre la spécialité sur de bons rails en 2018, avec l’arrivée de nouveaux médecins - dont le Dr Huchet. « Pour continuer dans cette voie, nous allons ouvrir en juin prochain un hôpital de jour réservé à la cardiologi­e », annonce Julien Couvreur, directeur de l’hôpital.

Le patient va évidemment rester sous surveillan­ce étroite, mais après l’opération, le chirurgien garde « une excellente impression ».

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