Le Courrier Vendéen

Quotas 2024 : une mission impossible pour la pêche ?

- • Marion TRAVERS

José Jouneau, président du Comité régional des pêches, se dit véritablem­ent abasourdi par l’annonce de la baisse des quotas de pêche pour l’ensemble des espèces en 2024.

C’est officiel depuis mardi 12 décembre : les ports vendéens devront subir une baisse des quotas de pêche sur toutes les espèces locales. Une décision de la Commission européenne, véritable coup de massue pour la filière locale.

José Jouneau, président du Comité régional des pêches des Pays de la Loire (Corepem), est amer : « Une fois de plus on parle de baisse. Ce sont des baisses qui s’ajoutent aux baisses des années successive­s. Et à force de baisser, il ne reste plus grand-chose. Chose extravagan­te cette année, il ne s’agit pas d’une baisse sur une espèce, mais c’est une baisse sur l’ensemble des espèces. »

Une « mission impossible »

Il a fait les comptes : en valeur, ces nouveaux quotas représente­nt une perte de revenu de 35 %. « Dans un monde dans lequel tout va bien, parfois 35 % c’est acceptable, mais lorsque vous rajoutez cela à la hausse du prix du gasoil, l’augmentati­on des taxes multiples et variées et l’inflation, là, on arrive à quelque chose qui est de l’ordre de la

Ministère a essayé de

maximum ».

De même, « les services de la DGEMPA (N.D.L.R : Direction générale des affaires maritimes, de la pêche et de l’aquacultur­e)

se sont très impliqués. Mais que voulez-vous faire pour un pays qui, aujourd’hui, est dans le viseur de la Commission européenne, avec un commissair­e européen qui est sur le départ et qui avait des comptes à régler et qui les a bien réglés. » « faire le

L’ensemble de la filière pêche va trinquer

Comment vont-ils eux aussi absorber le choc ? Peut-être dans un premier temps par des importatio­ns. »

Sans parler de l’impact touristiqu­e. José Jouneau le rappelle : « Pour Les Sables-d’Olonne, ça parle le port de pêche. Sans lui, la ville sera moins attractive, il me semble. »

Pour lui, « aujourd’hui, ce qui vient d’arriver, ce n’est plus uniquement le problème des pêcheurs. C’est un sujet collectif ».

Une inquiétude dès le début 2023

que chacun a ses problèmes aujourd’hui. » Il n’est pas question non plus de résignatio­n : « On espère juste que tout le monde va se rendre compte que la pêche sait courber l’échine, sait faire face aux réalités. »

« Des soins palliatifs »

José Jouneau rappelle au passage que les pêcheurs sont dans l’attente de la décision du Conseil d’État au sujet des captures accidentel­les de cétacés... « Si on est coincés deux ou trois mois le long du quai, ça viendra s’ajouter au reste. C’est la fin d’un métier. Et on ne parle pas seulement de la petite pêche, mais de la pêche dans son intégralit­é. »

Lui-même le dit, il est « abasourdi ». Et de conclure : « On regarde ça avec beaucoup de mépris. Quel gâchis ! ça ne sert à rien d’injecter des millions d’euros d’argent public pour faire des soins palliatifs. »

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