Les défis de Philippe Paret, nouveau patron de la santé mentale
A 48 ans, Philippe Paret vient de prendre la direction de l’Etablissement public de santé mentale de Vendée Georges-Mazurelle. Il entend impulser « collectivement » une nouvelle dynamique.
Depuis le 18 septembre, le fauteuil du bureau de la direction du Centre hospitalier Georges-Mazurelle est occupé par Philippe Paret. Le natif de Vesoul, 48 ans, a pris la succession de Pascal Forcioli, parti en retraite. Le nouveau patron de la santé mentale en Vendée connait déjà la maison pour y avoir exercé en intérim, avant l’arrivée de Pascal Forcioli, de mars à septembre 2019.
Dès sa prise de fonction, le chef de l’Etablissement public de santé mental (EPSM) a opté pour un diagnostic en profondeur du patient Mazurelle, en allant voir « les hommes et les femmes qui le font vivre ». Une tournée de cinq mois à la rencontre des salariés, des unités et des syndicats. « C’est ma méthode de travail : le collectif, tranche le quadragénaire. Indispensable pour mettre en oeuvre les évolutions à venir. »
De l’Alsace à la Vendée
Cette approche, le juriste spécialisé dans le droit social l’a déjà expérimentée. Ce, dès son premier poste de directeur du Centre hospitalier SaintJacques et de l’Ehpad du Parc de Rosheim (Alsace) à la sortie de l’Ecole des hautes études en santé publique. Un département où il fera la connaissance d’un certain Francis Saint-Hubert, actuel directeur du Centre hospitalier départemental de la Vendée.
Après un saut en Seine-Marne à la tête d’un groupe hospitalier, Philippe Paret a mis le cap à l’ouest. En 2016, le FrancComtois a dirigé les centres hospitaliers de Daumezon et Corcoué-sur-Logne (Loire-Atlantique), avant de goûter à la santé mentale lors de son intérim à Mazurelle. « Une spécialité particulièrement intéressante qui fait le lien entre le social, le médical, le sanitaire et la médecine, chirurgie, obstétrique. »
Un « double enjeu »
« Passionné » par la discipline, Philippe Paret a pris la délégation régionale de l’Association des établissements du service public de santé mentale (Adesm) des Pays de la Loire en 2022. De quoi prendre de la hauteur. « Aujourd’hui, les différents enjeux locaux, territoriaux et nationaux ne me sont pas étrangers, voire familiers. »
Il n’a donc pas été surpris de voir Mazurelle confronté à un « double enjeu » : avec d’une part « des demandes de soins en forte augmentation » et d’autre part « des ressources médicales et non médicales insuffisantes ». Malgré le « plan d’urgence » à 1 M€ de l’Agence régionale de santé, qui a permis de créer 20 postes d’infirmiers, il en reste toujours une quarantaine à pourvoir.
Mazurelle sous-doté
Avec son budget à 100 M€, le Centre hospitalier survit tout juste. Le mal touche l’ensemble des Pays de la Loire. « La région est la moins bien dotée de métropole », rappelle le délégué régional de l’Adesm. Pour autant, « la dynamique d’augmentation liée à la refonte des financements de la psychiatrie est en cours », tempère le directeur.
Sa priorité consistera d’abord « fidéliser nos professionnels », avant d’aller en chercher des nouveaux. « Des leviers existent en ce qui concerne les conditions de travail ou la redéfinition des ratios de personnel en adéquation
àavec les charges de travail. » Il veut également « aller plus loin » en matière de formations individuelles et collectives.
Les soins hors les murs
Dans un futur proche, le débat de « l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle » devra être ouvert. « Les mouvements sociaux nous interrogent sur cette problématique et les attentes sont fortes en la matière. Collectivement, nous allons devoir apporter une réponse. »
Quant à la structure, Mazurelle entend renforcer son maillage territorial en Vendée et développer les soins en ambulatoire. Sachant que déjà « 80 % de nos patients adultes et 95 % en pédopsychiatrie sont hors les murs ». Cela passera par une collaboration accrue avec les élus, les médecins généralistes et les Communautés professionnelles territoriales de santé. « A nous de nous adapter aux contextes géopopulationnels. »