Le Courrier Vendéen

Le feu de Piau

-

Pendant la guerre de Cent ans, un bateau anglais coula sur le banc de Piau. Les nuits de gros temps, vers minuit, au moment où le vent hurle le plus fort, un feu arrive du banc de Piau et se dirige vers le Gois à la vitesse d’un cheval au trot, jusqu’à la deuxième balise à cage. Il en fait deux tours, et il plonge dans l’eau.

Malheur à ceux qui traversent le Gois à ce moment-là. Le feu annonce la mort : aussitôt le feu, la mer monte et engloutit tout. Puis sur Piau un nouveau feu apparaît, non de la même couleur que le premier, mais il fait le même parcours. Avec le feu, on entend des cris, des appels. On dit que ce sont les âmes des marins disparus sur Piau qui appellent à l’aide.

Un ancien racontait :

- Une nuit que j’étais à lever des lignes sur le banc de Piau par gros temps, je vis se dresser à côté de moi une grosse flamme, et en même temps, j’entendis des cris à faire peur au curé de chez nous. Mes cheveux se dressèrent sur ma tête, mes jambes tremblèren­t, mais j’eus quand même assez de force pour me sauver et c’était bien grand temps, parce que la mer arrivait en même temps que moi à la digue. Sur le moment, j’avais promis un cierge à Saint Joseph, mon patron, et je le fis brûler le lendemain et j’ai promis depuis que je n emettrai les pieds sur le banc de Piau que lorsqu’il fera beau temps.

C’est pour cette raison que celui qui va sur le Gois avec une charretée fait une prière à la croix de la Bassottièr­e. Personne ne reste à pêcher sur le banc s’il se lève un gros temps : on préfère y abandonner ses lignes. On dit encore que lorsque Noirmoutie­r disparaîtr­a, brûlé par le feu ou englouti dans la mer, les âmes des malheureux noyés iront tout droit en paradis.

D’après la compositio­n française d’un jeune de la Fosse de Barbâtre écrit pour Edmond Bocquier, ADV 59 J25.

Newspapers in French

Newspapers from France