Le Courrier Vendéen

Les cloches de Noël

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La nuit de Noël, certaines cloches ne sonnent plus dans leur clocher : elles ont été volées, elles sont englouties dans des trous d’eau, elles sont ensevelies : mais cette nuit-là, on les entend très bien. Le prodige se raconte un peu partout.

A Saint-Etienne-du-Bois, il y a un endroit qu’on appelle la Chapelle fondue. Les chrétiens, battus par les païens, avaient abandonné cet endroit et sa chapelle pour aller séjourner plus loin sur le bord de la Petite Boulogne, où se situe aujourd’hui le bourg de Saint-Etienne. L’ancienne chapelle, elle, pour ne pas être souillée, détruite par les païens, a « fondu » dans un trou. Mais elle n’a pas fondu comme un morceau de sucre ! La Chapelle fondue, ça voulait dire dans le vieux langage la chapelle écroulée, démolie. Bref ! La nuit de Noël, à l’endroit qu’on appelle la Chapelle fondue, sonnent les cloches de la chapelle disparue. Plus fort. Les soldats français en 1672 avaient volé les deux cloches de l’église de Loosdrecht en Hollande. Chassés par une inondation que les Hollandais provoquère­nt, les Français jetèrent les cloches volées dans un lac où elles doivent encore se trouver. Mais quand les Hollandais vinrent à Noirmoutie­r, ils se vengèrent en volant les cloches. Eh bien, ces cloches qui sont parties bien loin, en Hollande, ces « cloches perdues », sonnent tous les ans avec les autres cloches de Noël de Noirmoutie­r, comme si elles étaient restées au pays. (L’histoire ne dit pas comment les reconnaîtr­e parmi les autres).

Du couvent des Robinières à Vouvant, il ne reste plus que le puits, où les cloches de la chapelle ont été jetées. Eh bien, celui qui se pencherait à l’ouverture du puits pendant la messe de minuit, entendrait carillonne­r.

À Chaillé-sous-les-Ormeaux, les Bleus jetèrent les cloches de l’église dans une fosse de l’Yon. On appelle même cet endroit la Fosse aux cloches. Eh bien, ces cloches sonnent la nuit de Noël.

A l’endroit qu’on appelle Clair de Jaud à Mortagne, les Bleus jetèrent dans la Sèvre les cloches de l’église. Cela se passa le 24 décembre 1793. Eh bien, ces cloches carillonne­nt la nuit de Noël.

A La Tranche, c’est sous la mer, à quinze cents mètres de la côte, qu’elles sonnent toujours la nuit de Noël. Ce seraient celles de l’église Saint-Nicolas, où se maria Savary de Mauléon, et qui fut engloutie par la mer.

D’après Jean Robuchon, 1944, p 196 , Jean-Loïc Le Quellec, 1996, p 212, p. 362, Edmond Bocquiers, 1906, p 17.

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