Une maison pour sortir les mineurs de la délinquance et leur offrir une autre voie
Nichée au 114 de la rue Auguste-Murail, dans le quartier de l’Angelmière à La Roche-surYon, l’Unité éducative d’hébergement collectif accueille jusqu’à douze jeunes entre 13 et 21 ans, placés par le juge après avoir commis des crimes ou des délits.
C’est un endroit qui n’accueille jamais de public. Fin novembre, à l’occasion de portes ouvertes organisées par le ministère de la Justice dans toute la France, l’Unité éducative d’hébergement collectif de La Roche-sur-Yon a fait une entorse à ses habitudes. Partenaires, travailleurs sociaux, étudiants, avocats et journalistes étaient conviés à pousser la porte du foyer de la rue Murail.
L’établissement peut accueillir jusqu’à douze adolescents, placés par décision du juge suite à des délits ou crimes. Autrement dit, « des jeunes aux parcours chaotiques, souvent multitraumatisés de la vie, quasiment toujours victimes de violences », détaille Nasser Tar, le responsable de l’Unité. Des mineurs qu’il faut tenter de sortir de la délinquance. « C’est dans l’ADN de notre mission de lutter contre de nouveaux passages à l’acte ou la récidive », souligne Nathalie Le Barazer, la directrice de l’Unité éducative d’hébergement collectif de La Roche-sur-Yon.
« C’est violent d’être placé »
La tâche n’est donc pas simple pour les quatorze éducateurs et la psychologue qui encadrent ces adolescents au quotidien, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Deux cuisiniers, un maître de maison, un responsable d’unité et la directrice complètent l’équipe de la maison. Pour autant, il faut composer avec « des adolescents qui n’ont pas choisi d’être là »
et poursuivre un objectif : le retour dans les familles. « On n’a pas vocation à remplacer les parents », souligne Nasser Tar. Environ 45 adolescents passent chaque année entre ces murs, pour des périodes variables, pouvant aller jusqu’à deux ans.
« C’est violent d’être placé,
rappelle la psychologue Elodie Thomas. On arrache un mineur à son milieu pour le mettre autour de vingt professionnels à qui il va falloir faire confiance, et dans un groupe d’autres mineurs dans lequel il faut trouver sa place. »
Préparer l’arrivée des jeunes
L’objectif est d’établir avec lui un projet éducatif : soit la rescolarisation, soit la reprise d’une formation ou d’un emploi. Mais souvent, « le gap est très important quand ils arrivent. Ils sont assez éloignés du monde professionnel », constate la directrice, Nathalie Le Barazer.
Redonner le goût d’apprendre
milieu ouvert, s’il y en a. L’Unité fait venir plusieurs fois dans la semaine un prestataire privé, Vendétudes, pour dispenser des cours individuels en mathématiques et en français, et ainsi « faire réémerger l’idée de la classe dans l’établissement ». « C’est un choix pédagogique que nous faisons, car la question de l’échec scolaire est récurrente. Même s’ils n’y vont pas. Ils savent que c’est là », souligne Nathalie Le Barazer, la directrice. « Car il n’y a pas plus grand facteur de délinquance que l’ignorance. »