Le Courrier Vendéen

« Aujourd’hui, l’argent est tabou et on n’apprend pas à en parler »

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Cresus, prévient et lutte contre le surdendett­ement. Elle vient d’ouvrir une permanence à Challans, et cherche des bénévoles, prêts à donner de leur temps. En ce moment, depuis la fin de la période Covid, le nombre de dossiers de surendette­ment remonte, en raison de l’inflation.

L’associatio­n Cresus est pilotée par Jean-Pierre Aymé depuis 2010. Elle vient en aide aux plus démunis, pour leur apprendre à gérer un budget, mais aussi pour leur éviter le surendette­ment. L’associatio­n vient d’ouvrir une permanence et recherche activement des bénévoles. JeanPierre Aymé, ancien banquier, a fondé l’associatio­n en Vendée. Après avoir exercé à Paris, il s’est rendu à La Rochelle, où il a aidé à créer Cresus, puis il est arrivé en Vendée à la retraite, Cresus Vendée a été crée.

« A Challans, c’est la directrice du CCAS -centre communal d’action sociale - qui nous a demandé de venir. Nous avons commencé en juin, et avons au minimum deux rendez-vous par permanence, il y avait un besoin » relève-t-il. Pour aider les personnes en difficulté, l’associatio­n se donne trois missions. Le rééquilibr­age budgétaire, d’une part. « Si la personne peut rembourser, on étale ses dettes à la banque de France. Sinon, deuxième possibilit­é, il est possible d’obtenir un gel des dettes pendant deux ans auprès de tous les créanciers. Enfin, si le budget est déficitair­e, on peut obtenir une annulation de la dette. »

A cause d’un accident de la vie

Cresus suit les personnes pendant un an, et jusqu’à 18 mois. « Dans 90 % des cas, on arrive à les sortir du surendette­ment », assure Jean-Pierre Aymé. Ce qui les a amené là ? « Souvent une simple bêtise, le crédit de trop. J’ai vu un couple avec 7 enfants se lancer dans l’achat d’un bus. Ils l’ont acheté 35 000 euros, mais ils n’ont pas pu assumer le crédit. » La plupart des personnes qui se retrouvent surendetté­es le sont à cause d’un accident de la vie : le chômage, la maladie, la perte d’un époux, ceci à 87 % des cas. « Dans 10 % des cas, c’est de l’endettemen­t actif. Dans 3 % des cas, les personnes croulent sous les dettes après une vente de bien immobilier qui s’est mal passée ».

Cresus propose aussi des microcrédi­ts sociaux, c’est sa deuxième mission. L’associatio­n accompagne les particulie­rs exclus du système bancaire classique avec des prêts de 600 à 5000 euros. « Des dossiers peuvent être suivis pendant 7 ans. Certains projets peuvent consister à aider une personne qui doit faire 40 kilomètres par jour pour aller travailler. Ou alors une personne âgée qui n’aurait plus de mutuelle et aurait besoin de lunettes. Pour les remboursem­ents, on ne demande pas plus de 100 euros par mois. »

Le nombre de dossiers suivis augmente, pour des charges fixes

Enfin, Cresus accompagne les autoentrep­reneur et les TPE en difficulté. Jean-Pierre Aymé cite l’exemple d’une personne « qui se lance dans la maçonnerie, mais qui n’a pas de notion de gestion. Au bout de deux ans, elle accumule les dettes et ne peut plus payer l’Ursaff. »

En cette période, les dossiers de surendette­ment remontent. « Depuis le Covid, le nombre de dossiers remonte, principale­ment pour des charges fixes, qui ont augmenté. » Le loyer, l’électricit­é ont augmenté, mais pas toujours les revenus.

« Nous cherchons des personnes de bonne volonté, du bénévolat de compétence », lance Jean-Pierre Aymé. Pour aider les autres dans ces dossiers techniques, il faut être ou avoir été un profession­nel : banquier, assureur, expertcomp­table, chef d’entreprise... « Les gens doivent avoir une disponibil­ité une matinée, ou un après-midi par semaine. Quand les gens viennent nous voir, on est embêtant, on leur demande un budget, qu’il faut qu’on lise pour bien discuter. » Jean-Pierre Aymé souhaitera­it casser le tabou autour de l’argent. « Des parents ne

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