Le Courrier Vendéen

La sirène des Éloux

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Le hameau des Éloux, à la Guérinière, aurait été englouti par la mer à cause de cette histoire que racontait Jean Michaud. C’était Jean de la Côte et il allait tous les jours à la pêche dans les écluses. Il était marié et avait des enfants. Et en mer, il y avait les sirènes. Alors, un jour, dans son filet, il pêche une sirène et il l’emmène chez lui. La sirène se plaint, elle se met à pleurer. Elle voulait revenir voir ses soeurs qui étaient en mer à l’attendre quand elles ont vu qu’elle s’était fait prendre. Et puis ces gens étaient tellement pauvres que la femme voulait mettre la sirène à bouillir. Jean de la Côte, lui, ne le voulait pas, il voulait la ramener à l’eau, pour qu’elle aille retrouver ses soeurs. Elle pleurait, la petite sirène.

- Il faut que je donne à manger aux petits enfants, disait la femme, il faut mettre à cuire la sirène.

- Bon, dit Jean de la Côte, tu as raison, nous allons la manger. Et ils l’ont mangée avec les enfants.

Le lendemain, Jean de la Côte est reparti à la pêche. La mer était forte et on entendait les cris des petites sirènes qui savaient que leur soeur avait été tuée et mangée. La mer est devenue grosse, écumante, le vent a forci. Il y a eu un gros temps à faire peur et le hameaux des Eloux a été englouti par la mer, mais ses habitants n’ont pas été pris par la mer, ils se sont échappés à temps jusqu’au Fier.

Quand il allait à la pêche, Jean de la Côte entendait les cris des sirènes qui appelaient leur soeur. Il en avait gros sur le coeur d’avoir fait des choses pareilles, parce qu’un marin ne doit pas faire de mal à une sirène, comme on ne doit pas faire de mal à une mouette : elles sont les compagnes des marins. Et Jean de la Côte est devenu à moitié fou.

Raconté par Jean Michaud à Jean-Léo Léonard (Le Quellec, 1996, p 129).

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