Drogue : le préfet veut faire « place nette »
Lors du bilan annuel 2023 de la délinquance en Vendée, le préfet a annoncé des opérations « place nette » dans les prochains mois et une mobilisation générale pour démanteler les trafics de drogue.
« Nous allons continuer à harceler les dealers. » Déterminé, le préfet de la Vendée ne mâche pas ses mots. À l’heure du bilan de la délinquance pour l’année écoulée, Gérard Gavory reprend à son compte la priorité fixée par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin : multiplier les opérations « place nette » pour démanteler les points de « deal » et déstabiliser la délinquance avec « dix opérations par semaine ». « Nous en prendrons notre part », a promis le représentant de l’État dans le département. Et ce, dès les prochains jours puisqu’une opération d’ampleur se prépare, à l’échelle de la Vendée.
Une délinquance en hausse de 16 %
Il faut dire qu’en 2023, les chiffres ne sont pas bons : on observe en Vendée une forte augmentation des infractions liées aux stupéfiants, en hausse de 16,41 %. Soit 1 400 faits relevés tout au long de l’année. Une situation qui « empoisonne le quotidien des gens » et qui
« n’est plus tolérable ».
Cette augmentation dans les chiffres s’explique essentiellement par l’action accrue de la police et de la gendarmerie en matière de stupéfiants. « J’ai demandé des interpellations »,
explique le préfet. Les chiffres s’expliquent aussi par la « banalisation » de l’usage des drogues, qui concerne « toutes les couches de la société, tous les coins de la Vendée », pointe le colonel de gendarmerie Arnaud Pellabeuf. Cannabis, cocaïne, héroïne, mais aussi drogue de synthèse ont investi le territoire.
« Des produits d’une autre catégorie, très nocifs pour la santé, tournent aujourd’hui en Vendée », confirme la procureure de la République du tribunal des Sables-d’Olonne, Gwenaëlle Coto.
Aujourd’hui, la volonté est d’aller plus loin. « On ne peut plus faire que constater ce »deal« de rue : on doit investiguer, remonter les filières et démanteler les réseaux », martèle le préfet. « On en a les moyens ».
Une nouvelle cellule anti-stupéfiants
Dès ce début d’année, une cellule spécifique de la police nationale s’attèlera à ces enquêtes au long cours : un groupe de lutte spécialisée dans le trafic de stupéfiants. « Le recrutement de quatre fonctionnaires dédiés est en cours », assure José
Szlowieniec, directeur départemental adjoint de la police nationale en Vendée. « À la fois des officiers de police judiciaire et des agents de police judiciaire » qui interviendront sur la circonscription de La Rochesur-Yon et des Sables-d’Olonne, « selon les besoins ».
« S’attaquer à l’infraction-racine »
« Quand on s’attaque aux stupéfiants, on s’attaque à »l’infraction-racine« , rappelle le colonel Arnaud Pellaboeuf, »celle qui nous amène tout un tas de problèmes au-delà de celui de santé publique : les accidents de la route, les vols, les cambriolages, les règlements de comptes...« Et de rappeler les scènes de plus en plus violentes observées en Vendée dans les affaires de drogues. »Les séquestrations avec tortures, les visages défigurés, les violences pour des dettes de stup’, c’est toutes les semaines« , révèle le colonel de gendarmerie. »On observe d’une manière générale une forme de durcissement de la délinquance, avec une augmentation massive (+ 56 %) de saisine des juges d’instruction en 2023« , a déclaré Sarah Huet, procureure de la République du parquet de La Roche-sur-Yon.
Côté gendarmerie, treize trafics de stupéfiants ont été démantelés en Vendée en 2023. Côté police, 200 amendes forfaitaires délictuelles ont été adressées. »On dérange, on gêne, on crispe les petits trafiquants locaux« , insiste José Szlowieniec, qui rappelle qu’en septembre dernier, deux kilos d’héroïne ont été saisis dans une voiture, à La Rochesur-Yon. Gwenaëlle Coto, procureure du tribunal des Sablesd’Olonne, a rappelé que »deux procédures majeures ont été menées et jugées en 2023« , envoyant pour 10 ans en prison un trafiquant de drogue.