Des sondages sur la résistance des dunes aux risques d’inondation
Dans le cadre de l’Observatoire du littoral des Pays de Monts, des sondages ont été réalisés dans les dunes de la Parée Grollier au moyen d’un engin d’une société hollandaise.
Face à l’érosion marine du littoral, la communauté de communes Océan Marais de Monts a créé dès 2009 un observatoire du littoral des Pays de Monts. Son rôle : proposer des préconisations aux élus en charge de la gestion du trait de côte. Ainsi, des études scientifiques sur les dunes visent à constituer un état de référence, mesurer leur stabilité dans le temps et mieux comprendre leur évolution, afin de mettre en place un protocole de suivi.
Près de 20 km de littoral
L’enjeu est de taille puisque les dunes protègent les populations d’éventuels risques de submersion marine, sur la quasi-totalité de cette frange littorale qui s’étend sur 19,5 km.
Cet observatoire est né d’un partenariat entre l’Université de Nantes, l’Office National des Forêts (ONF), et des experts scientifiques, dont le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), un établissement public de référence.
Ce dernier était de retour récemment à la Parée Grollier, pour procéder à de nouveaux relevés. Il n’était pas seul : un camion de forage d’une entreprise spécialisée hollandaise, qui n’a pas manqué de susciter la curiosité des promeneurs, l’accompagnait.
Un site expérimental
« C’est une nouvelle phase des études qui ont été lancées il y a près de quinze ans sur ce secteur », rappelle Vivien Baudouin. Le chef de projet en géologie du BRGM souligne au passage le caractère innovant et « expérimental » de ces techniques d’acquisition de données, qui combinent à la fois « des méthodes géotechniques, et géophysiques, qui vont réaliser une coupe à la manière d’une imagerie médicale. » Et avec succès, puisqu’elles « commencent à faire des petits en étant adaptées jusqu’en Guyane, sur d’autres problématiques. »
La Parée Grollier est donc devenue « un site témoin », bien qu’il n’y ait pas ici d’enjeux majeurs en terme de gestion puisque les premières habitations sont situées à bonne distance de la plage.
Quels risques d’inondations ?
« Actuellement, on est sur la dernière année de ce projet mené sur trois ans », qui explore la capacité des dunes à résister aux aléas climatiques et à l’élévation du niveau marin.
Dans le cadre de ce projet Sibles, financé par la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement), des études sont également menées sur la commune de Saint-Hilaire-de-Riez, au niveau de la plage de La Pège, et jusqu’à La Barre-de-Monts.
Les dunes, entre l’océan et le marais
« On réalise des mesures d’acquisition depuis plusieurs années, afin de suivre les effets de la hausse du niveau de l’océan sur celui des nappes d’eaux souterraines placées sous les dunes. On est sur une topographie très sensible car à l’ouest il y a l’océan, à l’est le marais dont le sol est argileux et au milieu, les dunes qui reposent sur une roche dure en calcaire. »
« Actuellement, l’évacuation se fait plutôt bien, en fonction des cycles saisonniers et des marées mais comment ces nappes pourraientelles réagir dans les 20 ou 40 prochaines années, quels pourraient être les risques d’inondation », explique le scientifique en montrant les deux piézomètres implantés à La Parée Grollier, pour mesurer l’évolution du niveau de ces « nappes qui sont connectées à l’océan et au marais. »
Comprendre le passé pour se projeter dans l’avenir
« Dans ce contexte de changement climatique, on a besoin de comprendre le milieu dunaire. Ces sondages vont nous permettre de mieux connaître la structure des dunes grâce à l’apport de sédiments qui s’est opéré sur plusieurs milliers d’années, à travers leur caractérisation géologique. On va mieux comprendre quelles sont les dynamiques de force qui s’exercent, grâce à des mesures de résistance du sol, afin de pouvoir se projeter sur le futur. »
Et cela, tout en « s’appuyant sur les capacités de résistance et d’adaptation du milieu naturel. »
Jusqu’à 15 mètres de profondeur
Le camion est en place, le forage peut débuter, à un emplacement précisément mesuré par GPS. « On procède à un CPT : Cone penetration testing. Concrètement, on va enfoncer, au moyen d’un système hydraulique, un pénétromètre statique, qui est une sorte de pointe équipée de capteurs. C’est une technique de sondage géotechnique habituellement utilisée par le génie civil pour des fondations. Cela va nous permettre d’étudier le profil du sol à travers son hétérogénéité, ainsi que ses propriétés mécaniques. Le sondage est réalisé jusqu’à atteindre les calcaires, environ à 10, voire 15 mètres de profondeur. Grâce à ces données, on pourra réaliser une coupe de caractérisation géologique de ce qu’on a sous nos pieds. »