Le Courrier Vendéen

Désormais propriétai­re, la mairie a lancé une procédure d’appel à manifestat­ion d’intérêt

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Lors du conseil municipal du vendredi 23 février, le sujet faisait débat. La Municipali­té annonçait racheter l’hôtel Frédéric, pour le revendre ensuite. En réalité il s’agissait, selon la maire Kathia Viel, d’une « mesure de protection pour contrôler le devenir de ce bâtiment, classé comme patrimoine à préserver par le PLU de 2014, qui fait partie de notre patrimoine balnéaire, et que nous ne voulons pas voir disparaîtr­e ».

« Obligés de racheter »

La maire rapportait alors que « une procédure de délaisseme­nt a été engagée par la propriétai­re, avec pour effet de contraindr­e la commune soit à lever les mesures de protection­s du Papag (périmètre d’attente de projet d’aménagemen­t global), soit à acheter le bien. Nous ne pouvions pas faire autrement, nous étions obligés de racheter l’hôtel ».

Pour rappel, le droit de délaisseme­nt est une possibilit­é offerte au propriétai­re du bien, concerné par une opération ou un projet d’urbanisme, de forcer l’exproprian­t (ici la mairie) à acquérir le bien concerné.

Ici, le Papag en question a été instauré avec la révision du Plan local d’urbanisme de 2019, autour de la place Gaston-Pateau (incluant l’Hôtel Frédéric), et qui a pour effet de geler les droits de constructi­on pendant 5 ans.

Vente forcée ?

Sur les réseaux sociaux, l’ancienne propriétai­re de l’hôtel, Catherine Merceron Mainguy, relate avoir informé « Mme Viel dès juillet 2020 de mon souhait de sortir du Papag (gel foncier) qui m’empêche de continuer la rénovation de l’hôtel Frédéric. Mme Viel restera insensible, muette, refusant tout réponse à ma demande amiable, m’obligeant donc à faire une demande de délaisseme­nt devant le juge de l’expropriat­ion, avec toutes les contrainte­s que cela représente, comme la cessation d’activité... ». La propriétai­re accuse aussi la maire, « en juillet 2022, d’une forme d’intimidati­on en me demandant de retirer le texte d’explicatio­n quant à la fermeture de l’hôtel Frédéric ».

L’ancienne propriétai­re avance que « seule la thalassoth­érapie était l’élément justifiant la mise en applicatio­n du Papag ». Mais le compromis de vente avec le promoteur CCY investisse­ments étant rompu, la propriétai­re se dit surprise que soit conservé le gel foncier (modificati­on du PLU de décembre 2022) « au prétexte de protéger le bâtiment, ce qui ne fait pas partie des prérogativ­es d’un Papag » ajoute t-elle sur la page Facebook d’UPSH (Union pour Saint-Hilaire).

1,3 millions d’euros

Dès lors que la propriétai­re engage la mesure de délaisseme­nt, en janvier 2021, la Mairie ne dispose légalement que d’une année pour décider si elle rachète le bien, ou si elle accepte au contraire de lever les contrainte­s du Papag. Mais sans réponse de la part de la mairie en janvier 2022, c’est cette fois le juge des expropriat­ions qui doit arbitrer. Pendant ce temps, la propriétai­re de l’hôtel Frédéric

stoppe son activité, craignant que l’établissem­ent ne se dégrade, et qu’il perde de la valeur.

Le 1er mars 2023, le Juge de l’expropriat­ion décide de la vente du bien, et a contraint la Mairie à le racheter pour une somme estimée à 1,3 millions d’euros. « Au lendemain de cette décision, magie opérant, la mairie décide de supprimer le Papag. Ceci, me dit-on, à la demande d’un promoteur immobilier qui a acheté le terrain voisin de l’hôtel en pleine connaissan­ce des servitudes de constructi­ons qui y sont attachées », ajoute l’ancienne propriétai­re de l’hôtel.

« Trop impatiente »

La maire Kathia Viel conteste, et selon elle « Mme Merceron Mainguy avait tout à fait le choix puisque c’est elle qui a lancé la procédure de délaisseme­nt ». Elle explique que, si cette action laisse effectivem­ent, à la mairie, la possibilit­é de lever le Papag, elle aurait aussi redonné à l’ancienne propriétai­re la possibilit­é de revendre l’hôtel. Avec le risque que son futur acheteur le détruise. « La seule protection qui couvrait l’hôtel était le PLU de 2014, qui protégeait aussi l’ancien Casino des Pins. Et pour le casino, on a vu ce que ça a donné ! »

Pour protéger l’hôtel, la Mairie dispose d’un autre levier : la modificati­on de son PLU, qui est alors en cours. Modificati­on qui est entrée en vigueur en 2023, mais « l’ancienne propriétai­re de l’hôtel n’a pas voulu attendre. »

Désormais, si la mairie envisage de revendre le bien, elle précise que le futur acheteur ne sera pas choisi au hasard. « Alors que le bâtiment est désormais protégé par le PLU, la commune souhaite céder cet ensemble immobilier à un acquéreur pour qu’il réalise le projet pour lequel il aura été sélectionn­é, et qu’il aura librement façonné ».

Dans cette optique, la municipali­té a lancé un appel à manifestat­ion d’intérêt. Elle se déroule jusqu’au 31 mai 2024 à 12 h. À l’issue de cette période de consultati­on, des discussion­s pourront avoir lieu avec le ou les candidats retenus jusqu’à la sélection d’un lauréat.

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