Catenaccio anglais !
Le classement est d’une logique implacable
La 104e édition du Tour de France fut l’une des plus palpitantes de ces vingt-cinq dernières années. Le scénario qu’elle nous délivra maintint un soupçon de suspense jusqu’à la veille de l’arrivée, et surtout nous gratifia de magnifiques exploits des Français. Les cinq victoires d’étapes acquises « à la pédale » devant les cadors du peloton, confirment l’excellent niveau de nos coureurs. En effet, rarement le cyclisme français n’avait affiché un état d’esprit aussi décomplexé et conquérant. Néanmoins la plus haute marche du podium, qui n’a jamais semblé aussi proche, n’a jamais paru aussi inaccessible. Ce paradoxe, on le doit à la domination outrageuse de l’équipe Sky. En jouant à merveille une stratégie défensive, la dream team britannique a su emmener dans un fauteuil son leader Christopher Froome jusqu’à la veille de l’arrivée. Ce Maillot Jaune sans victoire d’étape est aussi l’oeuvre de l’équipe la plus fortunée, si bien qu’au final le classement est d’une logique implacable. Face aux 32 millions d’euros de budget des Sky, qui a pu s’offrir des coureurs à l’étoffe de leader, les 14 millions d’AG2R La Mondiale de Romain Bardet n’ont pas pesé bien lourd. Le cyclisme, comme d’autres sports, est pris en otage par le pouvoir de l’argent. Doit-on admettre cette fatalité ou bien tenter de trouver des solutions pour rééquilibrer les forces en présence afin que la course retrouve plus de saveur ? Pour cela, le plafonnement de la masse salariale des équipes me semble une des pistes à explorer, à l’instar du « salary cap » de la NBA ou du rugby français. Cette mesure permettrait de rétablir une meilleure répartition des leaders dans le peloton qui offrirait au cyclisme plus de situations offensives et donc une autre dimension émotionnelle.