Le Cycle

« Notre discipline sportive est en danger »

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Le Cycle : Comment est né le rassemblem­ent « Mon vélo est une vie », dont l’objectif est de sensibilis­er la population sur les dangers que vivent les cyclistes sur la route ?

Théo Bartuccio : Cela s’est fait d’un coup, le samedi 27 mai, le lendemain du décès du coureur amateur Grégoire Somogyi, que je connaissai­s. Il était père de deux enfants, comme moi. Cela m’a fait un choc et a produit un déclic. Je me suis dit qu’on ne pouvait pas continuer ainsi à laisser les accidents se multiplier sans rien faire. J’ai appelé Niels Brouzes, un ami (et ancien coureur pro), pour mettre en place un rassemblem­ent symbolique à la Bastille, à Paris, pour manifester notre colère. Et dans la foulée, j’ai mis un message sur Facebook.

L.C. : L’engouement a-t-il été immédiat ?

T.B. : Oui, bien au-delà de ce que je pensais ! En quelques jours, j’ai reçu des dizaines de messages et soutiens. La presse nationale s’est intéressée à ma démarche et dans le même temps, on a trouvé un nom à notre mouvement : « Mon vélo est une vie ». Rapidement, également, on a reçu le soutien des fédération­s et des associatio­ns du vélo. On s’est retrouvés autour d’une table au siège de la FFCT, à Paris, pour décider des axes forts qui seront le coeur du mouvement : les aménagemen­ts cyclables, l’informatio­n aux conducteur­s automobile­s, l’éducation et la cohabitati­on entre tous les usagers de la route et la mise en oeuvre d’une campagne de sensibilis­ation. Dans le même temps, on a adressé une lettre ouverte au président de la République.

L.C. : Le 17 juin s’est donc tenue à Paris une manifestat­ion qui a rassemblé près de 1 000 cyclistes et qui a obtenu un certain succès médiatique. Qu’attendez-vous désormais des pouvoirs publics ?

T.B. : Je crois qu’effectivem­ent la manifestat­ion parisienne et celles qui ont eu lieu également dans plusieurs villes de province, ont eu un impact. En seulement trois semaines, on peut dire que c’est une belle réussite et que ça a révélé une vraie préoccupat­ion de tous les cyclistes. Et, bonne nouvelle, nous allons être reçus au ministère des Sports, le 24 août, pour échanger sur les points que nous revendiquo­ns. Notre mouvement s’adresse à tous les pratiquant­s de vélo, de l’urbain au cyclisme de loisir jusqu’aux cyclistes profession­nels qui ont tous, un jour, connu une frayeur sur la route.

L.C. : Votre mouvement va se transforme­r en associatio­n. Pour quelles raisons ?

T.B. : Au début, ce n’était pas le but. J’avais lancé cet appel au rassemblem­ent comme un cri du coeur, ou plutôt de désespoir par rapport à tous les drames survenus ces dernières semaines. Mais j’ai senti un vrai élan de la part de tous les acteurs de voir ce mouvement prendre de l’ampleur et d’être unis derrière la même cause. Transforme­r le mouvement en associatio­n est une suite logique pour continuer de se développer. En tant que directeur sportif d’un club de vélo, où nous avons toutes les catégories dont une école de cyclisme, je vois bien que les accidents récents font peur aux parents. Ces derniers sont réticents à laisser leurs enfants pratiquer du vélo sur la route. À ce compte-là, c’est cette discipline sportive qui est en danger dans les années futures. Il faut y aller à fond maintenant, sinon il n’y aura rien de fait. Retrouvez toutes les infos sur la page Facebook, www.facebook.com/ monveloest­unevie ou infos par e-mail theo.bartuccio@gmail.com

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